Ca y est, L’Etrange Festival 2011, c’est fini…

Cette 17ème édition a tenu ses promesses : offrir à des films “différents” la chance de rencontrer leur public, susciter le débat, faire communier les festivaliers avec les invités (aaahh, la rencontre avec Rutger Hauer!) et proposer un large choix de films de qualité aux spectateurs.

Le programme de la dernière journée a d’ailleurs été à l’image du reste de la sélection de la semaine, riche et éclectique.
Du grand classique avec L’Atalante de Jean Vigo et Requiem pour un massacre d’Elem Klimov projetés dans le cadre de la carte blanche à Julian Temple. Du polar coréen hard-boiled, avec la reprise de The Unjust et The man from nowhere, primé à Beaune en avril dernier. Une bizarrerie indie américaine, The Oregonian. Un vieux film d’épouvante espagnol, La Cloche de l’enfer. Et une rencontre avec Sono Sion autour de son dernier film, Guilty of romance, hélas programmée en même temps que la cérémonie de clôture…

Bromberg retour de flamme EF 2011

Il y a eu aussi la traditionnelle séance de Retour de flamme, présentée par le toujours dynamique Serge Bromberg et dédiée, cette fois-ci, à l’oeuvre de Winsor McCay, l’un des pionniers du cinéma d’animation mondial.
Au programme, l’inévitable Gertie le dinosaure, mais dans une version un peu plus dynamique – et dans les conditions de l’époque – How a mosquito operates, The Pet, Winsor McCay animation.

gertie

Mais aussi, en moins drôle, The sinking of the Lusitania, l’histoire du naufrage du Lusitania, paquebot torpillé par un sous-marin allemand près des côte irlandaises, en 1915. Un acte qui a précipité l’entrée en guerre des américains lors du conflit mondial de 1914-1918.
Et, en avant première, la version de The Flying house restaurée par Lobster, colorisée par Bill Plympton et doublée par Patricia Clarkson et Matthew Modine.
Du tout bon pour les cinéphiles et pour leurs enfants, qui, pour une fois, ont eu droit d’aller voir un film à L’Etrange Festival…

Flying house

En revanche, il valait mieux que ces charmants bambins n’assistent pas au film de clôture, Don’t be afraid of the dark, sous peine d’en ressortir traumatisés.
Le film de Troy Nixey, remake d’un téléfilm des années 1970, est une variation horrifique autour de cette histoire que l’on raconte aux enfants quand ils perdent leurs dents de lait : “mets ta dent sous l’oreiller et, pendant que tu dors, la petite souris (the tooth fairy, ou “fée des dents”, en anglais) viendra l’échanger contre une petite pièce de monnaie…”.
Mais Ici, les petites créatures, qui ne supportent que l’obscurité,  ne se contentent pas d’une dent de lait. Elles veulent la dentition au complet, et même les os des jeunes enfants…
Et elles ont faim, après avoir été emmurées pendant des années dans un souterrain, dans la cave d’un vieux manoir de Rhode Island.

Don't be afraid of the dark - 2

Evidemment, quand un architecte (Guy Pearce) et sa fillette de 8 ans, Sally (Bailee Madison), viennent s’installer dans la bicoque pour la retaper, la cave est bien vite découverte.
Les créatures réussissent à amadouer la fillette, qui a du mal à supporter la séparation de ses parents et la nouvelle petite amie de son père (Katie Holmes), et obtenir d’elle qu’elle les libère.
Mais sitôt la grille du souterrain ôtée, Sally comprend que ces petits êtres sont animés des plus mauvaises intentions à son égard… Elle a beau essayer de prévenir son père du danger, il refuse de la croire, mettant cette anxiété sur le compte du changement de cadre de vie…

Don't be afraid of the dark - 3

Contrainte de rester dans la maison, la gamine se rassure en se disant que tant que la lumière reste allumée, le danger reste minime…
Mais, suite à une coupure de courant, les créatures passent à l’attaque pour une longue nuit de cauchemar…
On savait déjà que le père Noël est une ordure, mais les petites souris sont encore pire…

Produit par Guillermo del Toro, grand fan du téléfilm original, ce remake est un joli film d’épouvante à l’ancienne, qui préfère jouer la carte de la sobriété plutôt que de la surenchère gore, de l’atmosphère plutôt que de l’action à tout prix, de la crédibilité des personnages plutôt que des retournements de situations improbables…

Don't be afraid of the dark - 4

Evidemment, tout ceci est assez prévisible, car très classique et déjà traité maintes fois au cinéma. On peut regretter que les créatures soient dévoilées un peu trop rapidement, et de ne pas sortir de la  salle complètement terrifié.
Mais c’est quand même un remake tout à fait honorable, tant sur le plan de la réalisation et du jeu d’acteurs que du scénario, plutôt cohérent… Une réussite qui clôt en beauté cet Etrange Festival.

Evidemment, avant la projection, Frédéric Temps et toute son équipe ont remis leurs prix aux différents lauréats des compétitions de courts et de longs-métrages.

Attack

Le Grand Prix Canal + du court-métrage a été remis à Attack de l’australien Adam White.
Dans de petit film d’une douzaine de minutes, un homme doit se faire opérer d’urgence de tumeurs cérébrales, à l’aide d’une technique de micro-chirurgie au laser.
A l’intérieur de son cerveau vivent de petits personnages issus de vieux films de science-fiction dont le patient est friand. Pour eux, ces rayons laser correspondent à une invasion extraterrestre et ils cherchent par tous les moyens à se mettre à l’abri… De leur survie dépend le sort de l’homme sur la table d’opération…
Un film original, bel hommage aux vieux films de SF des années 1950…

Gran carrera

Le Prix du public, lui, a été remis à La Gran Carrera, court-métrage de l’espagnol Kote Camacho.
Le film, tourné en bidouillant des images d’archives, relate une course de chevaux assez particulière et pointe le côté dérisoire de la vie humaine par rapport au jeu et à l’appât du gain…

Roskam EF 2011

Enfin, le prix Nouveau Genre Canal +, récompensant le meilleur long-métrage de la sélection, a été attribué à Bullhead de Michael Roskam. Encore une récompense pour ce thriller belge, déjà primé à Beaune en avril dernier…
Un gage de qualité, assurément…
Il faudra désormais attendre février 2012 pour découvrir le film sur les écrans français…

Et il faudra attendre septembre 2012 pour retrouver l’équipe de L’Etrange Festival et découvrir de nouvelles pépites cinématographiquement hors normes. Du moins, on l’espère ardemment…

En attendant, nous remercions chaleureusement les organisateurs pour leur accueil et la qualité de la programmation de cette année – Bon, c’est vrai, on n’a pas trop apprécié les sushis à la mode Typhoon (sauf Coldfish… ), mais il en faut pour tous les goûts et c’est aussi cela qui fait le charme de ce festival…
Nous remercions aussi Xavier Fayet, l’attaché de presse du festival, et son assistante, pour nous avoir offert la possibilité d’assister aux projections dans les meilleures conditions.
Et nous remercions aussi tous les lecteurs qui auront pris la peine de lire ces petits compte-rendus quotidiens.

A l’année prochaine – peut-être – pour un nouveau voyage dans le monde fascinant de l’étrange…

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