Après l’ennuyeuse excursion monégasque proposée en ouverture, les choses sérieuses commencent avec la présentation des deux premiers films de la compétition officielle : Mr Turner de Mike Leigh et Timbuktu d’Abderrahmane Sissako. Deux films aux styles totalement différents, deux univers aux antipodes l’un de l’autre.

Nous n’avons pas été transportés par le premier, malgré ses qualités formelles évidentes. La vie de Joseph Mallard William Turner, joué par un Thimothy Spall plus cabot que jamais, ne nous a pas intéressés plus que cela. On reconnaît tout de même à Mike Leigh de proposer une belle réflexion sur la place de l’artiste dans la société, loin des clichés habituels.

Le second nous a enthousiasmés. Abderrahmane Sissako nous livre une oeuvre forte, intelligente, d’une poésie rare, tournant autour de l’invasion du nord du Mali par les groupuscules salafistes intégristes.

Timbuktu - 3

Cette deuxième journée marquait aussi l’ouverture des différentes sections parallèles du festival.

Un Certain Regard a débuté sur un air de fête avec Party girl, un film entrelaçant intimement autobiographie et fiction.Les festivaliers ont apparemment été, comme nous,  touchés par ce beau portrait de femme à la croisée des chemin s, papillon de nuit attirée par la lumière du jour, mais ayant peur de s’y brûler les ailes.
L’accueil réservé à loin de mon père, de Keren Yedaya, a été plus mitigé. Il faut dire que le sujet – l’inceste – est particulièrement sensible, etque son traitement, froid et clinique, comme à l’habitude de la cinéaste israélienne, n’aide pas à rendre le film “aimable”.

FLA - 2

Pour les autres sections parallèles, les festivaliers avaient le choix entre faire un tour avec la Bande de filles  de Céline Sciamma à la Quinzaine des Réalisateurs ou Faire l’Amour (FLA) avec Djinn Carrénard à la Semaine de la Critique.
Nous n’avons pas vu le premier, qui semble avoir reçu un bon accueil de la part du public. Mais nous avons pu voir le second, longue fresque de 2h45 articulée autour des amours compliquées d’un jeune couple.
L’accueil a été plus frais. Sans doute parce que les festivaliers attendaient beaucoup du second film de l’auteur de Donoma. Pourtant, il s’agit d’une oeuvre intéressante, qui peut agacer par certains partis-pris de mise en scène (montage haché, caméra tremblotante et effets de mise au point abusifs…) mais qui s’avère également assez fascinante de par son énergie, sa fraîcheur, son style qui sort des sentiers battus de l’étude psychologique à la française. Malgré la durée – certes excessive – nous ne nous sommes pas ennuyés une seconde et sommes restés captifs de bout en bout de ce récit où il est plus question de faire la gueule que de faire l’amour.
Si ce film avait été le premier long-métrage de Djinn Carrénard, tout le monde aurait salué l’émergence d’un artiste au style pas encore abouti, mais intéressant. Son seul problème est d’arriver après un premier film unanimement salué pour ses qualités artistiques et sa construction narrative brillante. Force est de constater que FLA est inférieur. Mais cela n’altère en rien les attentes que l’on place en ce jeune cinéaste pour le futur.

Cannes-Poster-2014

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Rédacteur en chef de Angle[s] de vue, Boustoune est un cinéphile passionné qui fréquente assidument les salles obscures et les festivals depuis plus de vingt ans (rhôô, le vieux...) Il aime tous les genres cinématographiques, mais il a un faible pour le cinéma alternatif, riche et complexe. Autant dire que les oeuvres de David Lynch ou de Peter Greenaway le mettent littéralement en transe, ce qui le fait passer pour un doux dingue vaguement masochiste auprès des gens dit « normaux »… Ah, et il possède aussi un humour assez particulier, ironique et porté sur, aux choix, le calembour foireux ou le bon mot de génie…

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