“Les Papas du dimanche” de Louis Becker

Les papas du dimanche - 2

Dans son article sur le film de Louis Becker (1) la critique de Télérama, Guillemette Odicino, écrit, parlant de Maryline Canto : “tout film avec cette actrice, discrète et subtile, mérite l’indulgence…” et émet donc un avis favorable sur le long-métrage en question.

On ne peut que comprendre cet avis, puisque pour tout avouer, c’est bien la présence au générique de cette excellente actrice qui nous a donné envie d’aller voir Les Papas du dimanche, comédie romantico-dramatique tournant autour des malheurs d’un quadragénaire qui doit apprendre à ne plus voir ses enfants au quotidien à la suite d’un divorce brutal et d’un changement de vie complet.

Le hic, c’est que Maryline Canto ne joue une fois de plus qu’un rôle très secondaire et que pour les quelques minutes où elle apparaît, essentiellement au début du film, il faut visionner la totalité d’un film assez plat et neurasthénique.
Attention, on ne dit pas que Les Papas du dimanche est un mauvais film. Juste que c’est une histoire finalement assez banale, filmée de façon banale. Pour un téléfilm du samedi soir, ça pourrait très bien convenir, mais quand on va au cinéma, on s’attend à être quand même un peu plus transportés que cela…

Les papas du dimanche - 3

Les acteurs ne sont pas en cause. Ils assurent le métier et nous permettent de nous attacher un minimum aux personnages :
Thierry Neuvic est assez touchant en homme trahi et en papa désespéré, Hélène Fillières est séduisante en mère-célibataire imbattable au poker et la jeune Nina Rodriguez est attachante  En revanche, on conseillera à Olivier Baroux de poser un peu plus son jeu. Là, il essaie un peu trop de tirer la couverture à lui, et son rôle sympathique de frangin compréhensif (qui ressemble un peu à Paul Giamatti, non?) tourne au numéro de cabot agaçant. Thierry Lhermitte fait une brève apparition mais son rôle ne sert pas à grand chose. Quant à Maryline Canto, donc, elle est complètement sous-exploitée, mais tient parfaitement son petit rôle.

En fait, ce qui pèche vraiment, c’est la mise en scène, appliquée, mais manquant de rythme, d’inventivité, de précision, bref d’un peu de tout. On n’ira pas jusqu’à dire que Louis Becker est un “cinéaste du dimanche”, ce serait injuste…
En revanche, on osera affirmer qu’il nous sert un “cinéma de papa” franchement désuet, tant il est clair qu’il marche sur les traces de son paternel, Jean Becker, surtout connu pour ses films populaire “gentillets” et un brin mollassons…

(1) : Télérama n°3237 du 25/01/2012

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Les papas du dimanche Les Papas du dimanche
Les Papas du dimanche

Réalisateur : Louis Becker
Avec : Thierry Neuvic, Hélène Fillières, Olivier Baroux, Nina Rodriguez, Maryline Canto, Thierry Lhermitte
Origine : France
Genre : cinéma de papa
Durée : 1h30
Date de sortie France : 25/01/2012
Note pour ce film : ●●○○○
contrepoint critique chez : Télérama

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“L’Oiseau” d’Yves Caumon

L'Oiseau - 3

On n’avait plus de nouvelles d’Yves Caumon depuis sa partie de Cache-cache, en 2005.
Cet oiseau rare du cinéma français nous revient avec un joli portrait de femme, tout en finesse et en poésie.

Son “héroïne”, Anne (Sandrine Kiberlain), est une femme solitaire, meurtrie par un passé que l’on devine douloureux. Elle avance dans la vie comme une équilibriste. Chaque pas la rapproche un peu plus de l’autre rive et de sa douce lumière, mais menace aussi de la faire définitivement tomber au fond du gouffre.
Elle travaille dans la cuisine d’un restaurant. Tout le monde s’accorde pour la trouver efficace et consciencieuse, mais elle garde étrangement ses distances avec ses collègues, au grand dam de Raphaël (Clément Sibony), le chef cuistot, qui aimerait lui mitonner de bons de petits plats juste pour elle.

En fait, Anne semble éviter soigneusement la compagnie des gens, et dans le même temps, elle semble également chercher à sortir de cette solitude qui lui pèse. Elle est par exemple capable de suivre un inconnu juste parce qu’elle l’a vu pleurer à la projection d’un vieux film de Mizoguchi. Cela dit, pas n’importe lequel : La vie d’O’Haru, femme galante, autrement dit l’histoire d’une femme qui perd tout ce qui lui est cher. Si l’homme est capable de compatir, comme elle, au sort de ce personnage, peut-être pourra-t-il l’aimer un peu elle-aussi…

On se demande ce qui est arrivé à Anne. Comment cette femme qui avait autrefois une vie sociale tout à fait normale s’est-elle enfermée dans cette solitude grise?
On l’apprendra par petites touches subtiles, et, de façon définitive, par l’un des plus beaux plans du film, un reflet sur la vitre de la voiture d’Anne…

Mais ce qui compte n’est pas tant le drame qu’elle a vécu que la façon dont elle va se reconstruire.
Une nuit, Anne est dérangée par des bruits venant de derrière les murs de son appartement, sans doute à l’emplacement d’une ancienne cheminée aujourd’hui condamnée. condamnée de son appartement.
Elle y trouve une tourterelle perdue – aussi désorientée qu’elle, en fait. Le volatile et elle gardent tout d’abord leurs distances, puis s’apprivoisent mutuellement. Anne redonne des forces à l’oiseau et trouve dans cette façon de s’occuper d’un petit être un nouvel élan. Peu à peu, elle s’ouvre de nouveau à la vie…

L'Oiseau - 2

La parabole pourra sembler un peu lourde, surtout comparée à la finesse symbolique des oeuvres de Mizoguchi, justement. Et d’autant plus que le cinéaste y va également fort sur d’autres allégories “naturelles” –  les cheveux du personnage qui se fondent dans les feuillages des arbres, montrant l’apparent immobilisme du personnage,  la renaissance qui commence dans le ruisseau et s’accomplit au bord de la mer…
Ce sont là les limites du film, mais l’ensemble ne manque pas de charme et peut compter sur la présence lumineuse de Sandrine Kiberlain, qui réussit à exprimer, derrière le comportement machinal/désincarné de l’héroïne, des abîmes de chagrin et de solitude.

Le film, très “simple” dans sa conception, joue beaucoup sur les non-dits, et insiste sur le côté routinier de la vie d’Anne, une façon pour la jeune femme de ne pas penser au passé. Et il montre avec autant de pudeur et de discrétion les étapes de sa lente reconstruction.
Ce côté épuré ne plaira sans doute pas à tout le monde, mais il est agréable de voir un cinéaste prendre ainsi son temps et laisser tout loisir à son actrice d’exposer les nuances de son personnage. Cela devient assez rare dans le cinéma moderne, qui confond souvent rythme et montage épileptique.

L’Oiseau est un film qui ressemble à son titre : une petite chose fragile, pas facile à apprivoiser, mais qui apporte un peu de joie et de légèreté à no âmes de poètes… A voir avant qu’il ne s’envole hors de ces cages dorées que sont les cinémas…

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L'Oiseau L’Oiseau
L’Oiseau

Réalisateur : Yves Caumon
Avec : Sandrine Kiberlain, Clément Sibony, Bruno Todeschini, Alice Belaïdi, Serge Riaboukine
Origine : France
Genre : fable poétique et (trop) allégorique
Durée : 1h33
Date de sortie France : 25/01/2012
Note pour ce film : ●●○○
contrepoint critique chez : L’Humanité

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