2023_CANNES_SIGNATURES_WEB_1080x1080_01_INSTAOyez ! Oyez ! Oyez, bonnes gens, belles dames et gentilhommes, sublimes damoiselles et damoiseaux tombés de leur nid, cannoises et cannois, amis festivaliers de passage venus de tous les coins de France, de Navarre ou d’ailleurs, réunis dans le Palais des Festivals, sous la voûte céleste du Grand Théâtre Lumière et sa pluie d’étoiles.

Bientôt, sa Majesté le festival de Cannes, LXXVIème roi des manifestations cinématographiques, fera son entrée sous vos applaudissements et vos vivats pour commencer son règne d’une année pleine, en attendant le couronnement de son rejeton, LXXVII.
Avant de célébrer le roi, veuillez accueillir quelques membres émérites de la cour!

Mesdames et Messieurs, inclinez-vous devant la Reine Catherine, qui irradie de beauté sur l’affiche du festival 2023 et impressionne toujours autant par son aura, son élégance, et l’expérience d’une longue carrière parsemée de grands films! Dans quelques instants, c’est elle qui ouvrira le festival, après avoir eu une petite pensée pour le peuple ukrainien, en citant quelques vers de la poétesse Lessia Oukraïnka.

Mesdames et Messieurs, agenouillez-vous tel Sire Roberto devant le King Scorsese et dites “Buongiorno la Principessa Chiara” pour célébrer Chiara Mastroianni, maîtresse de cérémonie de cette ouverture “en fanfare”! Ou plutôt, “en douceur”, car la voix de la bellissima chantant en italien est un véritable velours pour les oreilles.

Mesdames et Messieurs, accueillez chaleureusement Milady Iris Knobloch, nouvelle régente du festival et le Cardinal Thierry Frémaux, planificateur de la grand messe cannoise et boussole des tendances cinématographiques mondiales, qui ne perd jamais le nord!

Mesdames et Messieurs, accueillez le Grand Intendant Ruben Östlund, qui aura la lourde charge de gérer l’or du royaume cannois jusqu’au 27 mai prochain (du moins la Palme d’Or, qui est quand même la relique la plus sacrée de ce microcosme…). Est-ce qu’avec le réalisateur de The Square, les comptes seront ronds? En tout cas, on espère que les débats seront “sans filtre”…
Accueillez aussi ses intendants : Mesdames Julia Ducournau, Brie Larson, Rungano Nyoni, Maryam Touzani, Messieurs Paul Dano, Denis Ménochet, Damian Szifron et Atiq Rahimi, qui l’assisteront dans cette tâche prestigieuse!

Mesdames et Messieurs, profitez de nos troubadours, les Gabriels, qui vont vous chanter “Stand by me”, le tube de Ben E. King (encore un roi)!

Mesdames et Messieurs, faites une ovation triomphale à Son Altesse Michael Douglas, à qui le festival offre cette année une Palme d’Or d’honneur bien méritée. Rappelons aux gueux ignares que l’homme, non content d’avoir su, comme Chiara, sortir de l’écrasante ombre paternelle (sa majesté Kirk Douglas pour Michael, Marcelooooo pour Chiara), et jouer dans plus d’une quarantaine de films, est aussi un producteur avisé, entre autres responsable de l’adaptation cinématographique de Vol au-dessus d’un nid de coucou. Avec le support de son épouse, Dame Catherine Zeta-Jones et de leur fille Carys, il fera même fait l’effort de dire quelques mots dans la langue de Molière. Quel beau retour pour un acteur qui a souvent marqué les esprits sur la Croisette!

Mesdames et Messieurs, faites la révérence à son Altesse Maïwenn (ou subissez son courroux) qui après avoir présenté son roi en compétition en 2015, revient en présenter un nouveau hors-compétition, en ouverture des festivités 2023!
Il s’agit de Louis XV, incarné par Messire Johnny Depp, lui-même king déchu en son pays, qui livre une prestation assez majestueuse, malgré la barrière de la langue. Cependant, ce n’est pas lui qui tient la vedette, puisque le film est surtout centré sur Jeanne du Barry, sa maîtresse favorite. Eh oui, révolution de palais, le cinéma se féminise. Les personnages principaux aussi…
Euh… Attendez. L’idée d’un film coproduit par La Petite Reine, mettant en lumière Louis XV pour l’ouverture royale du festival 2023, vous pensez que c’est une bonne idée? Parce que juste après Louis XV, c’est Louis XVI et Marie-Antoinette, la révolution, tout ça tout ça… Dans le contexte social actuel, sans parler de la crise de la billetterie cannoise qui continue à sévir, il faudrait veiller à ce qu’on puisse garder la tête sur les épaules, hein… En plus, le film n’est pas mauvais, mais pas une grande réussite non plus, à mon humble avis de héraut… Mais OK, si vous insistez…
Mesdames et Messieurs, faites une révérence à Madame la Comtesse Jeanne du Barry !

Mesdames et Messieurs, célébrez comme il se doit le Roi Cinéma, suzerain des Lumières, que certains surnommeront probablement “Roi Sommeil” quand ils s’assoupiront devant un film contemplatif de trois heures en fin de festival (On en connaît. Et la projection de L’Amour fou de Jacques Rivette (4h14) pour débuter Cannes Classics, a mis KO plusieurs spectateurs avant même l’ouverture).

Oyez ! Oyez ! “Je déclare le 76ème Festival de Cannes ouvert!”

A demain pour la suite de ces chroniques cannoises.

Crédits photos : Photo © Jack Garofalo/Paris Match/Scoop – Création graphique © Hartland Villa – Visuels fournis par le service presse du Festival de Cannes

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Rédacteur en chef de Angle[s] de vue, Boustoune est un cinéphile passionné qui fréquente assidument les salles obscures et les festivals depuis plus de vingt ans (rhôô, le vieux...) Il aime tous les genres cinématographiques, mais il a un faible pour le cinéma alternatif, riche et complexe. Autant dire que les oeuvres de David Lynch ou de Peter Greenaway le mettent littéralement en transe, ce qui le fait passer pour un doux dingue vaguement masochiste auprès des gens dit « normaux »… Ah, et il possède aussi un humour assez particulier, ironique et porté sur, aux choix, le calembour foireux ou le bon mot de génie…

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