– Rossignol, de Benjamin Lacombe & Sébastien Perez –

A l’occasion de la sortie de Il était une fois (click), je me lamentais de ne pas posséder une cheminée au coin de laquelle m’installer pour passer mes longues soirées d’hiver en savourant les magnifiques illustrations de Benjamin Lacombe. A la faible lueur d’un feu crépitant, m’enfoncer dans les ambiances sombres et inquiétantes dont il a le secret, me laisser envouter par ses ensorcelantes peintures profondes et mystérieuses…

Mais quand bien même j’aurais une cheminée, elle serait éteinte aujourd’hui : nous sommes en été, le soleil brille, et les sorcières ont regagné leurs forêts lugubres.
Est-ce là une raison pour ne plus se plonger dans un bon livre de Benjamin Lacombe ? Que non !
Bien au contraire : avec Rossignol, le génial illustrateur change de registre, et même de technique, pour mettre en image un conte de Sébastien Perez frais et léger, où un timide garçon entrainera ses camarades de colonie dans un jeu de piste aussi poétique qu’énigmatique afin de ne plus être invisible à leurs yeux.Pour l’occasion, l’artiste abandonne ses pinceaux épais et denses pour des crayons fins et aériens, idéals pour retranscrire la sensibilité et la fragilité du personnage principal, et s’initiera aux chaudes couleurs pastelles et même au collage de vieux papiers peints patinés, seyant au mieux à l’ambiance nostalgique des années 50 de cette jolie fable où plane délicieusement le fantôme de Jacques Tati.

Changement d’ambiance, donc, mais subsiste la grande qualité à laquelle nous a habitués le monsieur ; le charme fou de ses personnages, l’émotion incroyable qu’exprime chacun de leurs regards, l’adéquation parfaite du dessin avec la tendre poésie et la douce mélancolie que véhiculent les mots de Sébastien Perez…

Vous l’aurez compris, nul besoin d’une cheminée pour ce livre-ci, donc, Rossignol est à lire allongé paisiblement dans l’herbe fraiche, caressé par une douce brise portant les cris joyeux des enfants qui jouent au loin…

Rossignol, de Benjamin Lacombe & Sébastien Perez (ed. Seuil Jeunesse).

PS : Cerise sur le gâteau, l’on appréciera également la facture soignée de l’objet en lui-même – papier épais, couverture toilée, fer à chaud – ainsi que son ingéniosité, certaines pages possédant des rabats ne nous révélant qu’ultérieurement la présence du timide garçon, discret au point de se fondre dans le décor et de se placer systématiquement en position de spectateur, constamment en retrait de l’action dont il est pourtant l’auteur.

2 Comments

on “– Rossignol, de Benjamin Lacombe & Sébastien Perez –
2 Comments on “– Rossignol, de Benjamin Lacombe & Sébastien Perez –
  1. album qui vaut la peine de posséder, objet soigné dans sa présentation , couverture, la magie du papier peint qui nous emporte, regards des enfants, les yeux, attitudes, rideau de scène rouge, le spectacle peut commencer , Rossignol est magnifique de beauté de délicatesse . A offrir aux nombreux petits rossignols que le monde ne voit pas…

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