A bigger splash - 2Marianne (Tilda Swinton), rock star victime d’une extinction de voix, part se reposer sur l’île de Pantelleria avec son compagnon, Paul (Mathias Schoenaerts).
Le couple s’apprête à passer des vacances romantiques quand débarquent le fantasque Harry (Ralph Fiennes) – l’ex de Marianne – et sa fille Penelope (Dakota Johnson).

Très vite, Harry se met en tête de reconquérir Marianne, tandis que Penelope entreprend de séduire Paul.
Sous le soleil de plomb de l’été italien, les passions vont s’exacerber et de vieilles rancoeurs vont resurgir…

Cela vous rappelle quelque chose? Normal : A Bigger splash est le remake de La Piscine  de Jacques Deray.
Luca Guadagnino s’est attaqué à ce classique du cinéma français avec la volonté farouche de le dépoussiérer et de lui donner une autre ampleur. On attendait donc avec impatience de voir le résultat, d’autant que son précédent film, Amore nous avait séduit par ses audaces formelles et narratives et ses performances d’acteurs remarquables.
A l’arrivée, hélas, c’est une immense déception, ce remake étant en tous points inférieur à l’original.

Le scénario? Il n’apporte rien par rapport au script original, hormis des raccourcis narratifs parfaitement grotesques, à l’instar de la séquence finale. Pire, on ne retrouve pas le côté ambigu et sulfureux de l’oeuvre de Deray.

La mise en scène? Plate, balourde, sans âme. On peut sauver quelques plans carte-postales qui donnent envie d’aller faire un tour sur l’île de Pantelleria, mais rien de bien folichon. La virtuosité de la mise en scène aperçue dans Amore semble avoir sombré au fond de la psicine

Les acteurs? Moins marquants que le quatuor de La Piscine.
Tilda Swinton et Mathias Schoenaerts font ce qu’ils peuvent, mais ils ne sont pas aidés par les choix du cinéaste. Tilda Swinton en rock star façon David Bowie de la grande époque? On n’y croit pas du tout. Et le fait de la rendre aphone pendant tout le film est une autre belle bêtise. C’est un peu comme demander à un chamion d’athlétisme de courir sur une seule jambe…
On ne croit pas non plus au couple qu’elle forme avec Schoenaerts. Ils peinent en tout cas  à faire oublier le couple Romy Schneider & Alain Delon.
Mais eux au moins ont le mérite de jouer juste. Ralph Fiennes cabotine tellement qu’il devient insupportable au bout de deux minutes et on se retient de traverser l’écran pour le noyer dans la piscine.
Quant à Dakota Johnson, elle est aussi sulfureuse et émoustillante que dans 50 Nuances de Grey… C’est à dire pas du tout.

La musique? Envahissante. Et elle encourage Ralph Fiennes à se lancer dans de ridicules numéros de danse. On est gênés pour lui… Est-ce vraiment le même acteur qui nous a terrifiés dans La Liste de Schindler ou émus dans Le Patient anglais?

Bref, contrairement aux promesses contenues dans le titre, A Bigger splash ne fait qu’un petit plouf. Le plongeon finit en un plat douloureux qui lui vaut un zéro pointé en compétition officielle et devrait rejoindre dans les eaux de la Lagune la ribambelle de mauvais films présentés à la Mostra en soixante-douze éditions…

REVIEW OVERVIEW
Note :
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Rédacteur en chef de Angle[s] de vue, Boustoune est un cinéphile passionné qui fréquente assidument les salles obscures et les festivals depuis plus de vingt ans (rhôô, le vieux...) Il aime tous les genres cinématographiques, mais il a un faible pour le cinéma alternatif, riche et complexe. Autant dire que les oeuvres de David Lynch ou de Peter Greenaway le mettent littéralement en transe, ce qui le fait passer pour un doux dingue vaguement masochiste auprès des gens dit « normaux »… Ah, et il possède aussi un humour assez particulier, ironique et porté sur, aux choix, le calembour foireux ou le bon mot de génie…

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