Chalut les humains,

Non mais là, n’importe nawak! On aura tout vu en matière de héros de films d’animation!
Passe encore que les auteurs ne nous choisissent pas systématiquement, nous autres félins, comme sujets centraux de leurs films, alors que nous sommes, et de loin, les animaux les plus nobles, les plus beaux, les plus élégants, etc…
Je peux même comprendre qu’ils aient une préférence pour les toutous. Il est vrai que l’oeil humide d’un bébé labrador ou d’un jeune cocker est de l’ordre du cabotinage de génie, qui attendrirait n’importe quel humain normalement constitué.
Idem pour les souris et autres cochons d’Inde. J’ai changé d’avis sur nos amis les rongeurs depuis les exploits de Reepicheep dans Le Monde de Narnia et après avoir vu la G-Force sauver la planète de la grave menace que représentaient les machines à expressos.
Mais donner la vedette à un être aussi vil, aussi malfaisant, aussi démoniaque qu’une puce, il fallait oser!!!

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C’est l’idée tordue qu’on eue Eric “Bibo” Bergeron et Stéphane Kazandjian, les auteurs du nouveau film d’animation d’EuropaCorp., Le Monstre à Paris
Bon, ce n’est pas n’importe quelle puce, d’accord. Une bestiole de deux mètre de haut, capable de bondir d’un toit d’immeuble à un autre, ça force le respect. Surtout si, en plus, elle chante et joue de la guitare comme Mathieu Chédid alias –M-
Et puis, ce n’est pas tout à fait sa faute si elle a grandi de cette façon-là.
Elle se trouvait tranquille peinarde sur un singe savant, assistant d’un botaniste du jardin des plantes qui mène des expériences sur des engrais surpuissants, capables de faire prendre à un vulgaire  tournesol la taille d’un séquoia. Mais un soir, les deux héros humains – donc un peu limités (j’kiffe vous provoquer, hi hi…) – sont venus livrer du terreau et ont profité de l’absence du professeur pour pénétrer dans son laboratoire et toucher à toutes les fioles.
Mauvaise idée, car, la collision de plusieurs élixirs a transformé le parasite en créature gigantesque qui, depuis,sème la panique dans les rues de Paris. 

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Plus la peur s’installe, plus cela réjouit l’infâme préfet Maynott. Dans une ville submergée par les eaux de la Seine (le film se déroule pendant la grande inondation de 1910) et menacée par une créature mystérieuse, il entend profiter de l’occasion pour se mettre en avant, passer pour le sauveur du peuple et prendre le pouvoir lors des prochaines élections municipales. 
Il traque donc le “monstre” avec l’intention de le tuer et de ramener sa peau, euh… sa carapace à la populace.

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Mais le siphonaptère n’est en fait pas bien méchant (cela dit, on voit bien que ce n’est pas vous qui vous faites piquer!) et souffre même d’être ainsi craint par les hommes.
Alors qu’il chante sa triste complainte, sa voix mélodieuse attire l’attention de la belle Lucille, la chanteuse du cabaret “L’oiseau bleu”.
Pour protéger le monstre, elle le rebaptise Francoeur, le grime comme un être humain avec un grand manteau, un chapeau, des gants et un masque qui rappelle celui du Fantôme de l’Opéra, et le fait passer pour un de ses musiciens.

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Lucille peut compter sur le soutien des deux hommes responsables du charivari au jardin des plantes, Raoul, livreur à la langue bien pendue, et Emile, projectionniste dans un cinéma de quartier. Mais le trio, auquel on peut ajouter le singe Albert, va avoir fort à faire pour déjouer les plans de Maynott…

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Le film n’est en effet pas avare en péripéties rocambolesques et en courses-poursuites mouvementées (à pied, à vélo, en voiture ou en montgolfière…). Du coup, le spectateur n’a jamais le temps de s’ennuyer ou de réfléchir au côté un peu trop linéaire du scénario.
C’est vif, c’est enlevé, c’est rondement mené, et les personnages sont attachants. Je ne parle pas de la puce – les puces sont toujours “attachantes”, un peu trop collantes, même – mais des personnages humains, à commencer par Lucille la chanteuse aux yeux ronds et à la voix douce (celle de Vanessa Paradis).     
Et quand le rythme retombe, on reste captivés par le charme de ce décor parisien du début du XXème siècle, auquel le relief apporte de la profondeur, par la finesse du trait, l’élégance de l’animation, on se laisse envoûter par la musique et les chansons de Mathieu Chédid, pleines de jeux de mots sympathiques et de riffs de guitare entraînants, et on peut s’amuser à compter les références à l’histoire du cinéma ou à la littérature populaire.

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Les cinéphiles vont être aux anges, car le film rend hommage à toute une époque de l’essor du septième art, des vieux sérials de Louis Feuillade, aux premiers Fritz Lang, à King Kong, au Fantôme de l’Opéra,… Ce n’est certes pas un hasard si les personnages portent des prénoms ou des noms de précurseurs du cinéma : Emile évoque Emile Cohl, le père de l’animation française, Maud, la belle caissière du cinéma pour qui Emile a le béguin, porte le même prénom que Maud Linder, la fille du célèbre acteur comique du muet, et chez les policiers c’est l’inspecteur Pathé qui mène l’enquête.

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Certains gags empruntent au slapstick, comme les mésaventures d’un pickpocket qui apprend dans la douleur que le crime ne paie pas, d’autres jouent sur les bons mots.
Et, dans ce magma de références qui évoque aussi bien les vieux films fantastiques que les BD de Tardi (L’an passé, EuropaCorp. a produit l’adaptation des aventures d’Adèle Blanc-Sec), on croise même un ersatz de Bourvil, dans un caméo savoureux, et, dans un autre registre, un chanteur que l’on jurerait inspiré de Jean Meyrand, le personnage inventé pour  Les Nuls par feu Bruno Carette.

Mince! Je m’emballe. Ca veut dire que j’ai aimé un film dont le héros est une puce! C’est grave, véto?

Bon, ‘faut que je vous laisse. Je vais aller saupoudrer mon plaid polaire avec du spray antipuces, parce que bon, je veux bien aimer une puce de fiction, mais pas dans la vraie vie, faut pas déconner non plus…

Plein de ronrons,

Scaramouche 

Un chat à Paris

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un monstre a ParisUn Monstre à Paris
Un Monstre à Paris 

Réalisateur : Eric “Bibo” Bergeron 
Avec les voix de : Mathieu Chédid, Vanessa Paradis, François Cluzet, Gad Elmaleh, Ludivine Sagnier
Origine : France
Genre : Paris, je t’aime
Durée : 1h22
Date de sortie France : 12/10/2011
Note pour ce film :

contrepoint critique chez :  Cinémovies

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