C’est l’été à Osage County, une petite ville perdue au fins-fonds de l’Oklahoma. Dehors, c’est la canicule, mais à l’intérieur de la maison des Weston, l’ambiance est tout aussi étouffante. 
Beverly (Sam Sheppard) a disparu, laissant seule son épouse, Violet (Meryl Streep), qui a un comportement de plus en plus erratique à cause des valises de médicaments qu’elle ingurgite chaque jour pour soulager ses douleurs. Pour aider leur mère et essayer de comprendre où est passé leur père, les trois filles du couple reviennent dans la maison familiale.
Il y a Barbara (Julia Roberts), l’aînée, qui doit composer avec un mari distant (Ewan McGregor) et une adolescente rebelle (Abigail Breslin), Ivy (Julianne Nicholson), la cadette, qui traîne sa solitude comme un fardeau, et Karen (Juliette Lewis), qui est sur le point de se marier avec Steve (Dermot Mulroney). Leur oncle Charles (Chris Cooper), leur tante Mattie Fae (Margo Martindale) et leur cousin un peu benêt (Benedict Cumberbatch) sont également présents.
Les retrouvailles de tout ce petit monde, après des années d’éloignement, font resurgir d’anciens secrets et de vieilles rancoeurs. Et la réunion de famille tourne assez vite au règlement de comptes cruel…

C’est l’hiver à Paris. Dehors, il ne fait pas très froid pour la saison, mais à l’intérieur de la salle, l’ambiance est glaciale.
La faute à ce navet de luxe, mélodrame sans âme formaté pour la course aux Oscars, qui, au fil des minutes, devient de plus en plus insupportable.

Meryl Streep cabotine – avec talent, certes, ce qui nous donne droit à quelques rares étincelles d’émotion.
Julia Roberts cabotine, avec moins de talent mais avec une touche d’hystérie en plus.
Juliette Lewis cabotine, avec encore moins de talent, traînant un air d’adolescente paumée qui, à quarante ans passés, ne fait plus très crédible.
Margo Martindale cabotine, essayant de singer ces trois-là, ce qui, évidemment, ne donne rien de très probant.
Du coup, Julianne Nicholson ne cabotine presque pas, à côté de ces quatre-là. Elle joue de façon plutôt juste et posée. Enfin, avant qu’elle n’ait elle aussi à jouer sa grande scène mélodramatique, écrite par le scénariste et auteur de la pièce originale, Tracy Letts…
Abigail Breslin ne cabotine pas trop. Mais son personnage est un cliché ambulant et est totalement sacrifié en cours de route… 

Dermot Mulroney cabotine. Il en fait des tonnes dans le registre du beauf volage et m’as-tu-vu.
Benedict Cumberbatch cabotine. Cela se voit moins, car il joue un grand dadais timide et renfermé, mais il cabotine quand même…
Chris Cooper cabotine par intermittences, mais les scènes qu’il a à jouer sont tellement stupides qu’on en est presque gênés pour lui.
Ewan McGregor ne cabotine pas trop. Mais, comme Abigail Breslin, son personnage est un cliché ambulant et est totalement sacrifié en cours de route… Tel père, telle fille…
Sam Sheppard n’a pas le temps de cabotiner. Bien avisé, il disparaît après trois minutes de film et la première scène vampirisée par Meryl Streep.

D’accord, ce n’est pas le premier film donnant lieu à des numéros d’acteurs outranciers, tellement calibrés pour la course aux récompenses qu’ils en deviennent ridicules. Mais ici, les personnages sont tous extrêmement antipathiques, pour ne pas dire franchement détestables. Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. La matriarche passe son temps à insulter ses hôtes, sa femme de ménage, et à ruminer ses vieilles rancoeurs. Sa soeur ne vaut guère mieux. La fille aînée est dure et froide comme une pierre et s’étonne que son mari aille voir ailleurs, la cadette est prête à épouser le premier crétin venu pour ne pas finir vieille fille, et la benjamine s’est mise à la colle avec un type totalement crétin. Les hommes de la famille sont étouffés par ces harpies trop bavardes et hystériques. Ce sont au mieux, d’inoffensifs neuneus castrés, au pire, des rustres de la pire engeance.

Et les situations dans lesquelles Letts les met tout au long du film n’arrangent rien. Quel ramassis de clichés mélodramatiques! Entre la malade dépressive, les femmes trompées, les enfants maltraités, les petites lâchetés des uns et le caractère trop autoritaire des autres, la coupe est pleine! Et on ne parle même pas de tout ce qu’il y a en bonus, de la cupidité aux relations incestueuses…
Le dramaturge est connu pour sa misanthropie et sa vision très sombre de l’Amérique profonde. Cela a donné des oeuvres brillantes telles que Bug et Killer Joe, qui ne faisaient pas dans la dentelle, mais qui constituaient de réjouissants jeux de massacre, portés par un crescendo angoissant ou un humour noir ravageur. Ici, il n’y a ni l’un ni l’autre. L’enchaînement de crises de nerfs, de psychodrames de bazar et de coups de théâtre téléphonés n’aboutit sur aucune émotion. Rien du tout. Nada! Ce n’est ni amusant, ni bouleversant, ni angoissant. Juste sordide et pathétique.

Il est vrai que les deux oeuvres précitées, Bug et Killer Joe, ont été portées à l’écran par William Friedkin, un cinéaste expérimenté qui a su s’emparer des textes originaux pour les faire coller à son univers et à ses propres obsessions. Et force est de constater que John Wells est loin de lui arriver à la cheville. On avait pourtant apprécié son premier long, Company men, où il arrivait à diriger une jolie troupe d’acteurs en canalisant justement leurs velléités de cabotinage. Ici, il se contente d’observer ses comédien(ne)s rivaliser d’outrance théâtrale, en roue libre, et sa mise en scène platement illustrative peine à donner de l’ampleur au huis-clos, contrairement à Friedkin.

Au début du film, Sam Sheppard cite T.S. Eliot : “La vie est vraiment longue”. Eh bien Un été à Osage County aussi nous a semblé bien long. Interminable même… Et agaçant, ennuyeux, laid, plombé par des numéros d’acteurs grotesques, des répliques poussives et une musique envahissante. Le tout survendu par les frères Weinstein en vue des Golden Globes et des Oscars. 
Bref, un film à éviter…

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Abus-de-faiblesse_thumb1 Un été à Osage County
August : Osage County 

Réalisateur : John Wells 
Avec : Meryl Streep, Julia Roberts, Julianne Nicholson, Juliette Lewis, Chris Cooper, Ewan McGregor
Origine : Etats-Unis
Genre : mélodrame insupportable
Durée : 2h01
Date de sortie France : 26/02/2014
Note pour ce film :
Contrepoint critique : à voir à lire

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