Exercice d’équilibriste : Comment faire pour écrire sur un film que l’on a vu, mais dont ne se souvient déjà quasiment plus, même pas un an après la projection et qu’on a malencontreusement égaré ses notes de l’époque?
Pas facile… Mais on va essayer…

Oslo 31 août - 2

Déjà, ce qu’on peut en dire, c’est que Oslo, 31 août, second film du danois Joachim Trier, ne nous a pas laissé un souvenir impérissable. Oui, d’accord, c’est un peu facile… Mais en même temps, c’est totalement vrai…
Cela étant, c’est un peu normal vu que le film repose sur un scénario minimaliste, librement adapté du roman “Le Feu-follet” (1). Il s’agit de l’errance d’un homme qui fait le point sur sa vie, ses occasions ratées, les déceptions qu’il a causées, tout en déambulant dans les rues d’Oslo.

L’homme a une trentaine d’années. Il se prénomme Anders. Il termine une cure de désintoxication – drogues et alcool -  dans un centre situé loin de la ville. Dans le cadre de sa thérapie, il est autorisé à se rendre en ville pour aller à un entretien d’embauche, symbole de nouveau départ.
Il profite aussi de cette permission, pour retourner sur les lieux marquants de son passé et rencontrer des gens qu’il n’a pas vus depuis longtemps. A chaque rencontre, il se heurte à la méfiance de ses interlocuteurs, à leur regard entre compassion et condamnation, et se met lui aussi à gamberger sur ses erreurs de jeunesse et sur les maigres possibilités d’avenir qui s’offriraient à lui si d’aventure quelqu’un parvenait à lui donner une seconde chance.  
Au bout du compte, c’est surtout le sentiment d’échec qui domine, et plus la journée avance, plus le personnage s’assombrit…

Oslo 31 août - 4

Ca, on s’en souvient bien… On se rappelle de l’atmosphère déprimante du film, de cette sensation de drame imminent, de personnage à bout de souffle…  On se rappelle de cette ambiance crépusculaire, trait d’union entre une journée grise et une nuit noire, qui marque la fin d’un cycle, la fin d’une époque, la fin d’une vie – peut-être, sans doute… 
Pour Anders, cette journée marque la fin de sa jeunesse. Il a brûlé ses ailes au contact de la drogue et de l’alcool, et il ne peut plus revenir en arrière. Ses années de débauche l’ont empêché de réaliser qu’il avait franchi le cap de la trentaine, et là, il en prend conscience brutalement. Au cours de sa virée en ville, il découvre que ses anciens camarades ont eux-aussi mûri. Son meilleur ami, par exemple, est rentré dans le rang. Il s’est casé et est devenu père de famille… 
C’est cette vie-là qui attend Anders à sa sortie de cure de désintoxication. Mais, et c’est là tout l’enjeu du film, en a-t-il vraiment envie? Lui qui n’a connu que les excès et les paradis artificiels est-il prêt à affronter la monotone routine du quotidien, l’usure du couple, l’abandon des utopies de sa jeunesse?

Ce dont on se souvient aussi, c’est d’avoir beaucoup apprécié l’interprétation de l’acteur principal, non-professionnel, Anders Danielsen Lie. On se souvient de la douceur de ses traits, tranchant avec un regard d’une tristesse abyssale…

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On se souvient enfin d’une mise en scène très sobre, fortement influencée par le cinéma français – Bresson, surtout, mais aussi les auteurs de la Nouvelle Vague, comme Truffaut, Godard ou Agnès Varda.

C’est exactement ce que l’on avait exprimé en quelques lignes dans notre compte-rendu quotidien du festival de Cannes en mai dernier. “Un beau film sobre, efficace, magnifiquement interprété”

… Mais aussi probablement un peu lent, déconseillé aux dépressifs et, donc, pas spécialement inoubliable. Peut-être parce qu’il manque de scènes marquantes…

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Bon, voilà, finalement, on ne s’en sort pas trop mal… On a dit l’essentiel, pointé les qualités et les défauts du film. On peut rajouter, mais vous l’aurez sûrement compris, que le film s’adresse plus aux cinéphiles purs et durs qu’au public amateur de blockbusters américains.
Ne reste plus qu’à retrouver la note attribuée à l’époque, à trouver deux contrepoints critiques – un positif et un négatif – et zou, le tour est joué…

(1) : “Le Feu Follet” de Pierre Drieu La Rochelle – coll. Folio – éd. Gallimard, déjà adapté au cinéma par Louis Malle en 1963.

 

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Oslo 31 août Oslo, 31 août
Oslo, 31. August 

Réalisateur : Joachim Trier
Avec : Anders Danielsen Lie, Hans Olav Brenner, Ingrid Olava
Origine : Norvège
Genre : Feu-follet norvégien 
Durée : 1h36
Date de sortie France : 29/02/2012
Note pour ce film :
contrepoint critique chez :
Culturopoing (critique positive)
Il était une fois le cinéma (critique négative)
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2 COMMENTS

  1. Aïe… Je cumule les boulettes…
    Oui, vous avez raison. Il est bien norvégien, comme je l’avais initialement écrit lors de mon compte-rendu cannois…
    Je me suis laissé piéger par son lieu de naissance.
    Merci de cette correction.

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