Michel Boujut

Juste une pensée émue pour Michel Boujut, notre confrère critique de cinéma qui vient de nous quitter à l’âge de 71 ans, non pas d’une “longue maladie”, comme on dit généralement, mais des suites d’une hépatite foudroyante.

Sa longue maladie, le virus qu’il hébergeait, c’était assurément celui du cinéma. Un virus qu’il a contracté dans les salles obscures, comme il se doit, mais d’une drôle de façon : A la fin des années 1950, il a déserté l’armée, car il refusait de se battre contre le peuple algérien. Condamné à dix ans de prison, il a pris le maquis en se cachant dans les cinémas où, enchaînant les films, il a forgé des connaissances solides sur le 7ème art.

Une fois ce virus contracté, il n’a eu de cesse de le propager, de sa plume critique incisive (chez L’Evènement du jeudi, Charlie hebdo, Les Nouvelles Littéraires, Télérama, Pariscope…) ou de sa voix chaleureuse (sur France Culture ou, à la télévision, dans l’émission “Cinéma, Cinémas” qu’il produisit, avec Anne Andreu et Claude Ventura de 1982 à 1991).

On ne croisera plus sa silhouette discrète dans les salles obscures ou les allées d’un festival. Et on ne pourra plus débattre des films, des cinéastes et de la société en général. C’est triste…

Mais, on pourra toujours et encore discuter avec tous les lecteurs, spectateurs, auditeurs qu’il a contaminés, tous ceux, jeunes et moins jeunes, à qui il a inculqué la fièvre du cinéma et l’amour du septième art, avec avec passion et érudition.

Merci, Michel Boujut.

boujut - tardi
(tiré de “Un strapontin pour deux”, coécrit avec Jacques Tardi – éd. Casterman)

SHARE
Previous article“Gianni et les femmes” de Gianni Di Gregorio
Next articleDécès de Maurice Garrel
Rédacteur en chef de Angle[s] de vue, Boustoune est un cinéphile passionné qui fréquente assidument les salles obscures et les festivals depuis plus de vingt ans (rhôô, le vieux...) Il aime tous les genres cinématographiques, mais il a un faible pour le cinéma alternatif, riche et complexe. Autant dire que les oeuvres de David Lynch ou de Peter Greenaway le mettent littéralement en transe, ce qui le fait passer pour un doux dingue vaguement masochiste auprès des gens dit « normaux »… Ah, et il possède aussi un humour assez particulier, ironique et porté sur, aux choix, le calembour foireux ou le bon mot de génie…

LEAVE A REPLY