Le Commandant de bord William “Whip” Whitaker (Denzel Washington) se réveille dans une chambre d’hôtel à Orlando après une nuit trop courte, passée à batifoler avec son hôtesse de l’air, Trina Marquez (Nadine Velasquez), et à picoler plus que de raison. Pourtant, dans moins d’une heure, il sera aux commandes d’un vol régulier entre Orlando et Atlanta. Un café, un jus d’orange assaisonné à la vodka et un rail de coke et hop, c’est reparti! Du moins le temps d’arriver à la cabine de pilotage sans que les passagers ne remarquent son état d’ébriété avancé.

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Mais si le pilote n’est pas au mieux de sa forme, l’avion qu’on lui a confié est encore pire, une véritable poubelle volante. Whip parvient quand même à le faire décoller et à le sortir d’une zone de turbulences particulièrement violente, avant de laisser à son copilote le soin de gérer la suite et le mener à bon (aéro)port. Et là, c’est le drame. Au moment d’amorcer la descente, le manche reste bloqué et l’avion part en piqué, à grande vitesse. Bien que l’esprit encore embrumé par l’alcool et la drogue, Whitaker fait preuve d’un sang froid étonnant et improvise une manoeuvre audacieuse – le vol retourné – qui lui permet de stabiliser l’appareil le temps de trouver une zone d’atterrissage non-habitée pour s’y poser “en douceur” ou du moins, de façon à limiter au maximum la violence de l’impact. Quelques passagers meurent lors du crash, mais la majorité d’entre eux ne s’en sort qu’avec des blessures légères, miraculeusement.
Whitaker est rapidement présenté comme un héros. Cependant, l’accident ayant occasionné des morts, une enquête est confiée au NTSB, dans le but d’éclaircir les causes de la tragédie. Elle menace de révéler les zones d’ombres de la personnalité du pilote, et notamment son alcoolisme chronique…

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Commandant de bord de ce long-métrage de la compagnie Paramount airlines, l’expérimenté Robert Zemeckis pilote le film comme son personnage principal son avion.
Le décollage se fait en douceur – le beau Denzel au lit avec une belle donzelle – puis connaît quelques turbulences – un rail de coke et une vodka sirotée en secret, quelques intempéries.
Et, hop, le film part en piqué et provoque le vertige. Déjà avec la longue séquence du vol, éprouvante, qui nous entraîne au coeur de l’action, et occasionne une montée d’adrénaline inversement proportionnelle à l’inclinaison prise par le biréacteur.  Puis avec les états d’âme de Whitaker, héros en sursis qui risque de subir une autre chute, morale celle-là, à cause de son problème d’alcoolisme. Et ceux de Nicole (Kelly Reilly), une jeune femme qui, elle aussi aime bien planer… sous l’effet de substances narcotiques, et qui vient de faire une méchante overdose, à laquelle elle a miraculeusement survécu. Forcément, ces deux-là étaient destinés à se rencontrer. C’est à l’hôpital qu’ils vont se croiser pour la première fois, au cours de ce qui est probablement la plus belle scène du film, une discussion entre trois êtres abimés par la vie, souffrant tous d’une addiction : Whip à l’alcool, Nicole à l’héroïne et un troisième type au tabac, vice qu’il continue à entretenir puisque de toutes façon, il ne va pas donner le cancer à son cancer…

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A partir de là, le film se stabilise en vol plané – ou en mode pilote automatique, selon les points de vue, entre des péripéties convenues, flirtant parfois avec le mauvais mélo, et de belles séquences qui mettent en valeur la performance d’acteur de Denzel Washington en homme tiraillé par un épineux cas de conscience. Avouer qu’il était en état d’ébriété au moment de prendre les commandes du vol, c’est perdre son emploi, sa licence de pilote et passer quelques temps en prison et c’est aussi risquer de porter le chapeau pour le crash de l’appareil, alors que l’avion a bien connu une grave défaillance matérielle et que sans lui, objectivement, personne n’aurait survécu à la catastrophe. Mais mentir, c’est aussi valider une vie de mensonges et de comportement irresponsable. Car plus le temps passe, et plus Whip se rend compte de sa dépendance à l’alcool et des conséquences néfastes que cela peut avoir sur sa vie privée… 
Dilemme…

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Enfin, hélas, le film finit par se crasher, en tombant dans ce que le cinéma hollywoodien propose de pire : le pathos, les bons sentiments, les effets inutilement appuyés… Sans oublier le cabotinage éhonté : Denzel Washington se met subitement à surjouer, à surligner inutilement les traits de son personnage, comme pour rivaliser avec John Goodman qui fait son show en dealer déjanté – drôle certes, mais en décalage total avec le récit et les questions sérieuses qu’il aborde… 
Mais surtout, alors qu’il semblait avoir fait de son mieux pour éviter le “happy-end” grossier, Robert Zemeckis se vautre dans le puritanisme et le moralisme à deux balles, et une pseudo-réflexion sur ce qu’est le véritable courage.
Boum-Bang-Crac… Pas de survivants…

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On quitte le film sur cette dernière impression, pas bonne du tout, et cela affecte évidemment notre avis global sur le film, des plus mitigés.
Dommage, car la première moitié de Flight vaut vraiment le détour, tant pour sa partie “film-catastrophe” que pour le côté intimiste des scènes entre Kely Reilly et Denzel Washington.
A vous de voir si vous voulez embarquer…

  

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Flight Flight
Flight

Réalisateur : Robert Zemeckis 
Avec : Denzel Washington, Kelly Reilly, Don Cheadle, Bruce Greenwood, John Goodman, Melissa Leo
Origine : Etats-Unis
Genre : boire ou piloter, il faut choisir
Durée : 2h18
Date de sortie France : 13/02/2012
Note pour ce film :  ●●●●○○
Contrepoint critique : Filmosphere

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