Chalut les humains,

Si je suivais mon habituel narcissisme félin, je devrais logiquement détester les Muppets. Ben oui quoi : Il y a Kermit la grenouille, Piggy la cochonne, Fozzie l’ours, Rizzo le rat, Rowlf le chien, Peppe la crevette, Sam l’aigle, Gonzo le… euh… on ne sait pas trop quoi et sa poule Camilla. Bref, tout un bestiaire et… pas de chat, ni de tigre, ni de lion, ni de panthère! Nada! Rien! Comment Jim Henson et ses marionnettistes ont-ils pu oublier d’adjoindre à cette joyeuse troupe un noble représentant de la famille des félidés? Raaah, c’est agaçant, chat! Frustrant même.
Par principe, je devrais donc légitimement snober leurs aventures, qu’elles soient télévisuelles ou cinématographique. Mais j’avoue, je ne peux pas m’empêcher de les regarder. Rassurez-vous, je ne suis pas devenu comme les deux vieux gâteux qui passent leur temps à critiquer le show tout en se mettant systématiquement aux premières loges. Si je prends ma patte en regardant les Muppets, c’est parce qu’ils comptent parmi leurs membres une de mes idoles : Animal, le batteur fou du groupe Electric Mayhem. 
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Une créature improbable, dotée d’un corps filiforme aux membres démesurés – ce qui lui permet de jouer de la batterie avec dextérité – et d’une grosse tête poilue et hirsute, rouge-orangée, avec des grands yeux ronds, un monosourcil noir très fourni et une bouches aux dents acérées. Une créature brutale, surtout, excessive, passionnée, dotée d’un tempérament de feu, ce qui lui vaut la plupart du temps d’être enchaîné pour éviter les dérapages.
Ah! Lui, je le surkiffe. Une seule de ses apparitions à l’écran, une seule de ses répliques monosyllabiques et je suis aux anges! 

C’est donc avec grand plaisir que j’ai accepté de découvrir Les Muppets, le retour, le nouveau film consacré aux marionnettes inventées par Jim Henson il y a maintenant… 36 ans! Ah! Ca ne nous rajeunit pas, ça! Enfin, surtout ceux qui, comme mon maître, ont vu les premiers épisodes du Muppet Show à la télévision et ont grandi avec les Muppets.
D’ailleurs, le film de James Bobin joue à fond la carte de la nostalgie. Le pré-générique nous présente les deux personnages principaux du film, Walter et Gary, deux jeune garçons nés dans les années 1960, deux copains inséparables, deux “frères” qui ont grandi ensemble. Enfin, “grandi” n’est pas le terme adéquat. Parce que si Gary est devenu un grand gaillard ressemblant comme deux gouttes d’eau à Jason Segel, Walter, lui, n’a jamais dépassé les 70 cm. A vrai dire, Walter est un humanoïde de type plutôt pelucheux. Une différence qui lui a valu les moqueries de ses petits camarades à l’école, et dont il a beaucoup souffert. Seules sources de réconfort, pendant cette période difficile. Le soutien indéfectible de Gary et la découverte du Muppet Show à la télévision.
Ainsi, il existait d’autres créatures comme lui, qui se retrouvaient chaque semaine pour offrir aux spectateurs de tous poils des numéros de music-hall fabuleux, avec la complicité des plus grandes stars de l’époque…

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Les années ont passé, les Muppets ont arrêté de faire leur show, mais Walter a continué d’être leur plus grand fan, collectionnant tous les objets à leur gloire.
Aussi, quand Gary décide d’emmener sa dulcinée, la jeune et jolie Mary – qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Amy Adams – passer une semaine de vacances romantiques à Los Angeles, il invite son vieux copain à les accompagner. Pendant que le jeune couple se  fera des dîners en amoureux, Walter pourra réaliser son rêve et visiter les studios des Muppets, ainsi que le théâtre où avaient lieu tous les spectacles.

Sur place, pourtant, il déchante rapidement. Ses idoles sont depuis longtemps tombées dans l’oubli. Le vieux théâtre est fermé au public car il tombe presque en ruines. Les studios n’attirent plus de visiteurs, ou alors quelques touristes égarés pensant visiter les studios Universal, et la plupart des lieux intéressants sont inaccessibles. Walter échappe malgré tout à la vigilance du guide pour visiter le bureau de Kermit. Il surprend une discussion entre le magnat du pétrole Tex Richman (qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Chris Cooper) et ses acolytes. Il vient de racheter les studios pour une bouchée de pain, sous le prétexte fallacieux d’en faire un musée à la gloire des Muppets alors qu’il envisage surtout de raser la zone pour y puiser le pétrole qui se cache sous le terrain. 

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Walter, Gary et Mary décident de retrouver Kermit pour lui révéler les plans de Richman et le convaincre. La grenouille leur annonce que le seul moyen de reprendre leur bien à Richman serait de rassembler la somme de 10 millions de dollars en moins de quinze jours. Mission impossible, pense-t-il.
Mais le trio va le convaincre d’essayer de rassembler tous les anciens membres de la troupe, partis vivre leur vie chacun de leur côté, et de monter un nouveau show exceptionnel, une sorte de téléthon qui leur permettrait de rassembler la somme en question et de sauver les studios.

Ainsi, Kermit retrouve-t-il, Fozzie, devenu SDF et survivant en cachetonnant dans une parodie pourrave du Muppet Show, pour la promotion d’un motel miteux. Et Gonzo, devenu un riche… fabricant de sanitaires! Et Miss Piggy, devenue rédactrice d’une revue de mode à Paris – du genre La Cochonne s’habille en Prada.
Et encore Animal – Aaaaah! – qui essaie de suivre une thérapie de groupe de gestion de la colère à base de self-control en compagnie de l’acteur Jack Black. Un grand moment! Et une petite frustration, car plus question pour notre déglingos favori de jouer de la batterie ou même de prononcer encore ce mot, qui le met dans tous ses états.    

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Kermit a pourtant besoin de tous les musiciens pour jouer le célèbre générique du show et accompagner les nombreux numéros chantés et dansés. Dr.Teeth, Zoot et les autres sont là, mais Animal est clairement celui qui donne le tempo aux autres.
Mais ce n’est là qu’un des nombreux soucis de la troupe. Car rien ne va! Le théâtre est poussiéreux et à moitié vermoulu. Les numéros ne sont pas au point, hormis celui de Fozzie et ses mocassins péteurs. Miss Piggy fait des caprices de star. Les télés les considèrent comme has been et refusent de diffuser le show et quand ils trouvent enfin une productrice pour leur téléthon, ils doivent trouver en catastrophe un invité… et du public!
Pas gagné!

En fait, le spectateur qui a aimé les Muppets pendant sa jeunesse se pose face à ce film les mêmes questions que les héros face à leur spectacle. Est-ce que cela va encore fonctionner? Est-ce que le charme peut de nouveau opérer? Ou bien l’ensemble sent-il trop la naphtaline et le bois vermoulu? 
Il a tout d’abord un peu peur du côté résolument kitsch du numéro musical inaugural : couleurs criardes, chanson niaise sur fond de musique zim-boum peu inspirée, chorégraphies hasardeuses. Malgré le caméo de Mickey Rooney, on est loin de l’âge d’or de la comédie musicale.
Puis il trouve que le film, une fois passée la première vague de nostalgie ressentie lors du pré-générique, met du temps à démarrer. Ce n’est que lorsque Kermit commence à rassembler ses troupes que le scénario s’emballe enfin.

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Et finalement, dès que le rideau se lève, dès que commencent les notes du thème du Muppet show et la parade des monstres, il retrouve toutes ses sensations, toutes ses émotions d’antan, tous ses souvenirs d’enfance. L’effet de la madeleine de Proust, en plus poilue.  
Ils sont presque tous là, tous les personnages qui ont fait la joie de plusieurs générations d’enfants entre 1976 et aujourd’hui : les piliers du show, plus Scooter, le neveu du producteur et éternel assistant, lae cheffe cØesinier sØØedØa, pardon le chef cuisinier suédois, Sam l’aigle rabat-joie, Walbeck Bunsen et son assistant Beaker (mimimimimi)…
Et quand, pour le grand numéro final, Kermit se met à fredonner sa chanson de l’Arc-en-ciel, celle du premier film des Muppets, nommée à l’Oscar de la meilleure chanson en 1979, on ne peut s’empêcher de ressentir un délicieux petit frisson. Et plus encore quand toute la troupe le rejoint sur scène. Et plus que plus encore quand Animal, pour l’occasion, craque et reprend les baguettes pour un solo batterie dont il a le secret…

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Oui, le charme agit toujours, même si le scénario reste assez basique, même si les guest-stars ne sont pas toujours connue du public français, même si l’ensemble manque un peu de folie… L’humour fait souvent mouche et on prend donc beaucoup de plaisir à voir Kermit et sa bande monter leur nouveau show, le plus fantastiquissime show de tous les shows, embarquant dans leur sillage Emily Blunt, Jack Black, Woopi Goldberg et plein d’autres célébrités dans un grand “Manah manah” (Tututululu!) réjouissant.

Il est clair que tous ceux qui ont su garder leur âme d’enfant aimeront retrouver les héros de leur jeunesse. Mais les vrais enfants? Vont-ils aimer ce spectacle sans 3D ni effets spéciaux ni images de synthèse? Au vu des réactions dans la salle, mille fois oui. Ces peluches sont attachantes et amusantes, et les voir se mêler aux gens réels a de quoi faire rêver n’importe quel bambin. Je suis prêt à parier un bol de croquettes que vos chers marmots vont apprécier Les Muppets, le retour.
Cette découverte, hélas, ne se fera pas sur grand écran, Disney ayant renoncé à une exploitation en salle dans l’hexagone. En revanche, le film est disponible en DVD et Blu-Ray, agrémenté de quelques séquences supplémentaires, dont un caméo de Danny “Machete” Trejo.

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Alors si vous êtes nostalgique des Muppets et/ou que vous voulez faire plaisir à vos enfants, vous pouvez investir quelques euros dans l’une de ces deux éditions, selon le matériel dont vous disposez.

Bon, faut que je vous laisse, je dois faire une bataille de batterie avec mon pote Animal.
1… 2… 1…2…3…4… bam bam bam bam poum poum tcha tsss tcha poum

Pleins de ronroooooooooons!

Scaramouche

Chanimal

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Les Muppets le retour Les Muppets, le retour
The Muppets

Réalisateur : James Bobin
Avec : Kermit, Piggy, Animal, Fozzie, Gonzo, Walter, Jason Segel, Amy Adams, Chris Cooper, Jack Black
Origine : Etats-Unis
Genre : Muppets shooooooow
Durée : 1h42
Note :

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BONUS

"Le bêtisier le plus long de l’histoire des Muppets"
"Le making of des Muppets, vite fait !"
"Le mal expliqué" : la chanson de Tex Richman version intégrale
"Un petit bout d’essai"
Scènes coupées
Bandes-annonces
Commentaire audio de Jason segel, James Bobin et Nicholas Stoller

Note globale des bonus :

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DVD9 Zone 2 – PAL – Couleur – Format 1.78 -16/9 compatible 4/3  BD-50 – Durée totale : 140 mn
Langues : Français Dolby Digital 5.1,
Anglais Dolby Digital 5.1, Flamand DD 5.1,  Néerlandais DD 5.1
Sous-titres : Français
Anglais
Arabe
Néerlandais

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EDITION / DISTRIBUTION

Disney
Sortie le : 02/05/2012

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Scaramouche est un... chat. Son heureux maître, Boustoune, l'a baptisé ainsi après l'avoir vu escalader les rideaux et pratiquer l'escrime contre les plantes vertes, à la manière d'un héros de film de cape et d'épée. (Il a longtemps hésité avec Channibal et Cat Vador, mais bon...) Evidemment, avec un tel nom, l'animal ne pouvait que devenir cinéphile. Comme il n'avait rien d'autre à faire que de glander toute la journée sur le canapé, il s'est gavé de DVD et s'est forgé sa culture cinématographique, avant d'accepter de devenir critique pour Angle[s] de vue. Sa spécialité ? Les films dont les félins sont les héros. Et les films qui parlent de boxe et de sports de combat (il kiffe). Mais il doit aussi se farcir la plupart des critiques de films pour enfants (il kiffe aussi, sans l'avouer...). Il aime donner quelques coups de griffes aux films qu'il n'aime pas, et complimenter ceux qu'il aime de sa plus belle plume (volée à un pigeon trop téméraire). En tout cas, il n'aime pas les critiques qui ronronnent. Qu'on se le dise...

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