Sur le papier, Dream house était un film alléchant.
Une intrigue de thriller fantastique pleine de promesses. Un trio de stars aux choix de carrière habituellement très sûrs :  Daniel Craig, Rachel Weisz, Naomi Watts. Et un réalisateur qui, bien qu’évoluant habituellement dans un registre assez différent, bénéficie d’une solide réputation. On lui doit entre autres Au nom du père ou My left foot.

A l’écran, Dream house est un film affligeant
Il faut déjà supporter un montage calamiteux qui, dès le départ, enchaîne les séquences à la va-vite, sans prendre le temps – ni la peine – de donner une cohérence au récit.

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On parvient quand même à comprendre que Will Atenton (Daniel Craig) un éditeur lassé de l’agitation new-yorkaise, décide de tout plaquer pour s’installer loin de la ville, en Nouvelle Angleterre, dans une maison à retaper.
Ainsi, il entend passer plus de temps auprès de son épouse Libby (Rachel Weisz) et de leur deux fillettes, et commencer enfin à écrire son premier roman…
Mais très vite, la peur envahit la maison (enfin, façon de parler, hein…). Le sous-sol est squatté par une secte de jeunes satanistes, un type inquiétant semble rôder autour de la maison… Et surtout, il apprennent que leur demeure a été le théâtre d’un crime horrible : le précédent propriétaire avait tué sa femme et ses filles à coups de revolver, avant d’être envoyé à l’asile psychiatrique le plus proche. Question angoissante (toujours façon de parler, hein…) : le fou est-il sorti de l’hôpital? Est-ce lui qui terrorise la famille?

Dream house - 2

Et là, c’est le twist…
On peut le dévoiler sans aucune honte puisque l’astuce est tellement éculée et prévisible qu’on la devine au bout de cinq minutes. Et de toute façon, il est mis en avant sur l’affiche et dans la bande-annonce (ça c’est de la promo, coco!).
Donc, le meurtrier présumé, c’est Aterton lui même. Ou plutôt Peter Ward, de son vrai nom. Ce sont sa femme et ses filles qui ont péri ce soir-là. Lui a été touché à la tête et a été sérieusement secoué. Il a été incarcéré cinq ans en hôpital psychiatrique avant de sortir. Mais il vit désormais dans l’illusion. Il est persuadé de voir sa femme et ses filles, et est certain que la bicoque délabrée qu’il occupe est cette jolie maison qu’ils habitaient…

Passé la réaction de stupeur qui nous envahit forcément face à la remise en liberté du personnage, qui n’est manifestement pas bien dans sa tête – “on n’a pas de preuve qu’il soit fou” nous dit une infirmière. Ah?… – on peut tenter de se reconcentrer sur le récit et les questions qu’il pose :
L’homme qui rôde autour de la maison est-il réel ou est-il le fruit de l’imagination de Peter/Will? Et que sait Ann, la belle voisine (Naomi Watts) ?

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Et hop! Let’s twist again…
Bon, là on ne dira rien. On vous laisse découvrir par vous même l’astuce scénaristique tirée par les cheveux qu’ont concoctée les auteurs du machin…
Cela dit, on ne vous force pas non plus, hein, vous l’aurez compris… Parce que ce scénario n’a franchement rien de brillant. Il pose une espèce d’équation 6ème sens + Les autres + Shutter Island + Le crime était presque parfait= Dream House, avec pour inconnue le talent…
Le recyclage de références et le mélange de genres tourne court, faute de conviction de la part du cinéaste, qui cherche à palier aux lacunes du film en privilégiant une narration confuse et inutilement alambiquée.

Si encore Dream house  filait les jetons, ne serait-ce qu’un peu, on serait enclin à passer l’éponge, à faire preuve d’un minimum de clémence. Mais non, même pas. Le rythme est mollasson, les rares effets de surprises ne font même pas sursauter. On ne s’attache pas aux personnages et on se désintéresse totalement de leur sort au bout de quelques minutes. On s’ennuie ferme et on en viendrait presque à regretter l’ambiance de Derrière les murs, qui est pourtant loin d’être un bon film…

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Le seul truc qui fait peur ici, c’est ce phénomène paranormal, cette bizarrerie de la nature, ce mystère sur lequel a attiré mon attention mon confrère Alexandre Mathis de Plan-C – grâce lui soit rendue : les bouleversements capillaires de Daniel Craig.
D’une scène à l’autre, le bonhomme a la mèche bien en place, un peu moins ordonnée ou carrément, en houppette façon Tintin, au gré des faux-raccords et des humeurs.
Quand Will redevient Peter, l’acteur a même les cheveux plaqués vers l’arrière. Pourquoi pas? On comprend que l’idée est d’établir un marqueur temporel permettant de distinguer le réel de l’illusion, le passé du présent. Sauf que non, en fait. la mèche rebelle continue de n’en faire qu’à sa euh…tête, et peu importe la temporalité ou les circonstances…
Flippant…

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Enfin, heureusement qu’il y a ce petit détail amusant, parce que sinon…
Craig semble aussi perdu que son personnage – et le spectateur avec eux – Naomi Watts s’ennuie – et le spectateur avec elle – et Rachel Weisz se retrouve cantonné à un rôle de potiche – et le specta… euh, non…
Les décors sont mal exploités, l’image est assez moche, la musique surligne outrancièrement l’action.
Bref, c’est un fiasco artistique complet…

Une maison de rêve? Non : l’illusion d’un bon film, et un cauchemar pour cinéphiles…
A fuir, donc…

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Dream house Dream house
Dream house

Réalisateur : Jim Sheridan
Avec : Daniel Craig, Naomi Watts, Rachel Weisz, Elias Koteas , Marton Csokas, Rachel G. Fox
Origine : Etats-Unis
Genre : nanar
Durée : 1h32
Date de sortie France : 05/10/2011
Note pour ce film : ○○○○○
contrepoint critique chez : Excessif ________________________________________________________________________________

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