On avait bien aimé la fraîcheur du premier film de Lola Doillon, Et toi, t’es sur qui ?
La jeune cinéaste, fille de Jacques Doillon, y laissait entrevoir un style intéressant, s’écartant des sentiers souvent trop balisés du cinéma art & essai français.
On attendait donc beaucoup de sa nouvelle réalisation, Contre toi, qui raconte l’histoire d’une femme chirurgienne-obstétricienne séquestrée par le mari d’une de ses ex-patientes décédée suite à des complications opératoires, et qui développe par la suite un syndrome de Stockholm – une attirance amoureuse vis-à-vis de son ravisseur.

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Hélas, on est assez déçus que Lola Doillon rentre dans le rang et adopte les mêmes tics de mise en scène que nombre de ses jeunes confrères : Mêmes types de plans froid censés procurer le malaise, même lenteur, même mélange de réalisme et d’étude psychologique…

On pourrait ajouter  mêmes acteurs tant Kristin Scott Thomas et Pio Marmaï, aussi bons soient-ils, évoluent dans des registres qu’ils ont déjà eu l’occasion d’explorer par le passé. Elle a déjà excellé dans ces rôles de femme déboussolée, en plein maelström sentimental (Partir de Catherine Corsini, Il y a longtemps que je t’aime de Philippe Claudel…). Il a déjà joué les jeunes hommes perturbés, rongés la colère et la tristesse (Le premier jour du reste de ta vie de Rémi Bezançon, D’amour et d’eau fraîche d’Isabelle Czajka…).
Ils sont donc parfaitement  crédibles dans leurs rôles respectifs, mais on n’a plus vraiment d’effet de surprise et le film qui se déroule sous nos yeux, avec son architecture ultra-classique, ses “péripéties” archi-prévisibles et son dénouement attendu, nous laisse finalement assez indifférents.
Et comme on a du mal à s’attacher à ces personnages peu sympathiques, à compatir à leur mal de vivre, on s’ennuie ferme…

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Cela dit, le film est loin d’être mauvais, techniquement parlant. Et on y voit se dessiner la thématique centrale de la filmographie de Lola Doillon, variation autour du vertige amoureux et du besoin impérieux d’échapper à la solitude.
Chez la cinéaste, tous les personnages cherchent à combler le vide de leur existence, tous sont engagés dans une quête effrénée d’amour. Les personnages adultes et matures de Contre toi sont aussi déboussolés par leurs sentiments et rongés par la peur de finir seuls que les ados de Et toi, t’es sur qui?
Les rapports hommes-femmes y sont complexes, douloureux. On se repousse, on s’attire, on s’aime et on se hait avec la même intensité, on se fait confiance et on se trahit…
Comme dans la vraie vie, mais disséqué de façon clinique par la caméra-scalpel de la cinéaste (vous nous excuserez l’allégorie médicale, un peu limite vu le sujet du film…).

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Remis dans le contexte de l’oeuvre en devenir de la jeune cinéaste, Contre toi est donc un film intéressant, mais hélas, sa forme trop empesée nuit à l’adhésion du spectateur. La thématique est là, et elle est solide. Reste à trouver définitivement un style et à s’affranchir, peut-être, sans doute, de l’envahissante tutelle paternelle…

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Contre toi Contre toi
Contre toi

Réalisatrice :  Lola Doillon
Avec : Kristin Scott Thomas, Pio Marmaï, Jean-Philippe Ecoffey, Marie-Sohna Condé, Jean-Louis Tribes
Origine : France
Genre : estampillé art & essai français
Durée : 1h25
Date de sortie France : 02/02/2011
Note pour ce film :

contrepoint critique chez :  Excessif

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