Message from the kingAu début, on se laisse prendre par l’atmosphère mystérieuse et angoissante du thriller de Fabrice du Welz.
Jacob King (Chadwick Boseman), un jeune Sud-africain, débarque à Los Angeles avec 600 $ en poche. Il essaie de convaincre les services de l’immigration qu’il ne cherche pas à s’installer illégalement sur le territoire américain. Pourtant, c’est la stricte vérité. S’il est là, c’est pour retrouver Bianca, sa soeur cadette, qui, quelques semaines plus tôt, lui a envoyé un message préoccupant.
Sur place, il découvre qu’elle a disparu brusquement, sans laisser de traces. Quand il interroge la population locale, tout le monde lui conseille d’aller faire un tour à la morgue, car visiblement, la jeune femme avait des activités plutôt douteuses et fréquentait les mauvaises personnes. King mène l’enquête et retrouve la trace de plusieurs individus louches ayant participé de près ou de loin à la disparition de sa soeur. On se dit que, fatalement, en se mêlant des affaires de ces malfrats, King va s’attirer des ennuis, et on entrevoit la mise en place d’un final bien sombre et désespéré, comme dans les meilleurs films noirs.

Mais le récit prend, hélas, une tout autre tournure. King s’avère être non pas une victime potentielle, mais, qui l’eût cru, une sorte de super-justicier, capable d’estourbir en cinq minutes toute une bande de gangsters, juste avec ses poings et une chaîne de vélo.
A partir de là, on se retrouve dans une mauvaise série B, un de ces navets d’action qu’aurait pu jouer Jason Statham ou une version “moderne” du Justicier dans la ville. Chadwick Boseman prend un air impénétrable, tandis que les acteurs censés incarner les bad guys en font des caisses. Un Chris Mulkey fatigué semble se demander ce qu’il vient faire dans cette galère. Alfred Molina roule des yeux pour incarner un producteur véreux et vicelard. Et Luke Evans est tellement mauvais en dentiste pourri et manipulateur qu’on a envie de lui refaire les bridges à coup de burin.

Les spectateurs amateurs de thrillers d’action de seconde catégorie y trouveront peut-être leur compte, à condition d’être peu regardants sur la qualité de l’oeuvre et de ne pas trouver nauséabonds les thèmes du film, la corruption, la pédophilie, la vengeance jusqu’au-boutiste… On est cependant en droit d’attendre mieux de la part d’un cinéaste comme Fabrice du Welz qui se revendique lui-même, depuis des années, comme un auteur à part entière.
On pouvait avoir des doutes avec ses derniers longs-métrages, l’étrange Alleluia et le poussif Colt 45. Plus ici, car le message du King est bien reçu : si Fabrice du Welz n’est pas un mauvais cinéaste, il est plus un habile faiseur qu’un des rois du 7ème Art, contrairement à ce que laissaient présager ses premiers films.

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Note :
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Rédacteur en chef de Angle[s] de vue, Boustoune est un cinéphile passionné qui fréquente assidument les salles obscures et les festivals depuis plus de vingt ans (rhôô, le vieux...) Il aime tous les genres cinématographiques, mais il a un faible pour le cinéma alternatif, riche et complexe. Autant dire que les oeuvres de David Lynch ou de Peter Greenaway le mettent littéralement en transe, ce qui le fait passer pour un doux dingue vaguement masochiste auprès des gens dit « normaux »… Ah, et il possède aussi un humour assez particulier, ironique et porté sur, aux choix, le calembour foireux ou le bon mot de génie…

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