Under the skin - 2

Tiré d’un roman de Michael Faber, Under the skin nous emmène en Ecosse, sur les traces de Laura, une entité extra-terrestre envoyée sur Terre  pour accomplir une importante  mission : faire les courses. L’objectif est de remplir le caddie au maximum avec des carcasses humaines… Et puisqu’elle ne peut pas se balader sous sa forme originelle, peu discrète, la créature doit se glisser dans la peau d’une jeune femme. Au hasard, hop, Scarlett Johansson. Pas bête, l’alien… Il est plus facile d’harponner le mâle britannique, élevé à la bière et au scotch, avec les appâts de la divine Scarlett qu’avec ceux d’une femelle lambda.

Under the skin - 4

Son mode opératoire est toujours le même : elle sillonne les rues des villages écossais dans sa camionnette, attire l’attention de jeunes garçons en mal d’amour, tout émoustillés par les charmes de la belle extraterrestre et elle les guide dans une sorte de liquide noirâtre, où ils sont stockés et engraissés avant de servir de quatre heures aux envahisseurs.
Les choses dérapent quand Laura découvre les sentiments humains, déjà en voyant un homme perdre la vie en tentant de sauver de la noyade un couple entraîné par la marée, sur une plage, puis en jaugeant la détresse d’un humain différent des autres, crevant de solitude. La froide extraterrestre découvre la compassion, un sentiment qui, désormais l’empêche de poursuivre sa mission…

Under the skin - 5

Apparemment, le roman original était une satire sociale noire abordant de nombreux thèmes, autour de l’écologie, l’économie et l’humanité. Jonathan Glazer a choisi de se concentrer sur le dernier aspect, et de signer une fable sur les apparences, la beauté intérieure, le rejet de la différence et, d’une manière générale, sur ce qui caractérise l’espèce humaine.
On peut regretter que le propos ne soit pas plus dense que cela, car, faute de contenu, certaines scènes paraissent redondantes et le cinéaste prend le risque de perdre des spectateurs en route, surtout avec un rythme aussi volontairement lent.
Mais Scarlett Johansson tient le film grâce à sa présence d’un autre monde et, esthétiquement, le film est une belle réussite. Le premier quart d’heure, notamment, est une belle expérience sensorielle. Tous les plans où Laura piège ses victimes dans un espace aquatique sombre et glacial sont visuellement sublimes, et plusieurs scènes fortes sont de nature à s’imprimer durablement sur les rétines.

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A l’instar de son accueil très mitigé lors de la Mostra de Venise 2013, Under the skin divisera sans doute le public autant qu’il divise les critiques. Le nouveau long-métrage de Jonathan Glazer est de ces oeuvres qui provoque une adhésion forte ou un rejet très tranché, et qui ne laisse en tout cas personne indifférent. Et vous, succomberez-vous aux charmes de la belle extraterrestre ou bien vous perdrez-vous dans le vide sidéral d’un scénario (faussement) minimaliste?

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Under the skin Under the skin
Under the skin

Réalisateur : Jonathan Glazer
Avec : Scarlett Johansson, Jeremy McWilliams, Lynsey Taylor Mackay, Dougie McConnell, Kevin McAlinden
Origine : Royaume-Uni
Genre : road movie extraterrestre étrange
Durée : 1h47
Date de sortie France : 25/06/2014
Note pour ce film :
Contrepoint critique : L’Express (critique négative),
Le Monde (critique positive)

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Rédacteur en chef de Angle[s] de vue, Boustoune est un cinéphile passionné qui fréquente assidument les salles obscures et les festivals depuis plus de vingt ans (rhôô, le vieux...) Il aime tous les genres cinématographiques, mais il a un faible pour le cinéma alternatif, riche et complexe. Autant dire que les oeuvres de David Lynch ou de Peter Greenaway le mettent littéralement en transe, ce qui le fait passer pour un doux dingue vaguement masochiste auprès des gens dit « normaux »… Ah, et il possède aussi un humour assez particulier, ironique et porté sur, aux choix, le calembour foireux ou le bon mot de génie…

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