The Smell of us commence avec une séquence marquante : Des jeunes skateboarders s’amusent sur une esplanade et se servent du corps d’un SDF affalé sur le sol, ivre mort, comme d’un obstacle par-dessus lequel ils sautent, pendant qu’un autre jeune joue de la guitare, indifférent au spectacle. L’homme est obligé de ramper jusqu’à un endroit où il pourra être au calme, sans que cela ne perturbe les jeunes crétins, inconscients et/ou insensibles.
Cette scène fait écho à une autre, plus tard dans le récit, où les mêmes ados saccagent un appartement bourgeois et laissent pour mort son propriétaire, non sans l’avoir préalablement drogué et humilié. Ce sont les deux séquences les plus réussies du film.

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Pour le reste, Larry Clark accumule des vignettes érotiques qui se veulent provocantes, sans atteindre son but. Il suit les tribulations de deux adolescents parisiens qui décident de devenir escort-boys pour se faire de l’argent de poche, couchant avec des vieilles femmes en quête de frissons ou de vieux homosexuels amateurs de chair fraîche. Et quand ils ne sont pas avec leurs client(e)s, ils participent à des partouzes entre jeunes, filmées par l’un d’entre eux avec un téléphone portable, font la fête, tâtent de la drogue ou glandent devant les jeux vidéo.
Cela pourrait avoir un intérêt si The Smell of us était un premier long-métrage. On trouverait alors cela audacieux, scandaleux, perturbant. Le hic, c’est que Larry Clark n’a quasiment filmé que des histoires de jeunes désoeuvrés, trompant l’ennui par le sexe, la drogue et la délinquance. On pense un peu à Bully, à Kids, à Ken Park, lorsque l’on regarde ce nouveau long-métrage. On se dit que ces films-là avaient une autre allure, et surtout, une structure plus aboutie.
Ici, on ne s’attache jamais vraiment aux personnages, et on reste de marbre face à leurs ébats, qui n’émoustillent plus guère que le cinéaste.

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Les seules moments qui nous sortent un peu de l’ennui, en plus des deux séquences précitées, sont deux scènes étranges et déviantes : l’une où l’un des jeunes gigolos tombe sur un fétichiste du pied qui lui suce les orteils en psalmodiant “mon petit garçon… mon petit garçon…”, et la seconde montrant le même garçon quasiment violé par sa mère (Dominique Frot), apparemment ivre ou complètement folle. On peut y trouver là la représentation d’un inceste, un incident expliquant pourquoi le jeune homme cherche à se punir en faisant l’amour avec des inconnus. Cela donne une autre dimension au film, mais là encore, ce n’est pas franchement novateur.

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On aurait aimé que Larry Clark utilise son talent pour raconter autre chose, qu’il prenne un peu plus de risques et livre un peu plus sa vision du monde actuel.
The Smell of us n’est pas totalement un mauvais film, mais il donne l’impression d’une certaine paresse, comme si le cinéaste américain se reposait désormais sur ses lauriers. Il ne suffit pas de convoquer les esprits de la Nouvelle Vague et de tourner en France pour que cela fonctionne. Il faut aussi travailler un peu…

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The smell of usThe Smell of us
The smell of us

Réalisateur : Larry Clark
Avec : Lucas Ionesco, Diane Rouxel, Theo Cholbi, Hugo Behar-Thinières, Dominique Frot
Origine : France
Genre : jeunes crétins en skate d’identité sexuelle
Durée : 1h28
date de sortie France : 14/01/2015
Note :
Contrepoint critique : Critikat

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