Quand on m’a dit que je devais aller voir et critiquer [·Rec]2, je me suis jeté à l’eau avec une certaine appréhension… Ben oui, parce que s’il y a un [·Rec]2, c’est qu’il y a forcément un [·Rec] un, et j’ai vu Les dents de la mer, moi, on ne me la fait pas…
Hum, désolé… Promis, c’est mon dernier jeu de mots foireux de l’année…
Pouf, pouf…
Quand on m’a dit que je devais aller voir et critiquer [·Rec]2, je me suis jeté à l’eau avec une certaine appréhension… Parce que les suites de films d’horreur à succès sont souvent, à de rares exceptions, de piètres spectacles et de basses exploitations commerciales. Pour exemples récents, rappelez-vous Saw 6 ou The descent 2

Bon, soyons franc, si ce second volet ne brille pas par son scénario, bardé de quelques incohérences et plombé par une fin absurde et bâclée (mais chut !), il a le mérite de bénéficier des mêmes qualités de mise en scène que le film original.

Il faut dire que ce sont toujours Paco Plaza et Jaume Balaguero qui sont aux commandes, et que les deux cinéastes espagnols savent parfaitement créer un climat de tension et ménager quelques scènes-choc diablement efficaces.

Rec 2 - 3

Comme pour le premier opus, ils ont opté pour le principe du Projet Blair witch, qui consiste, à faire croire à un document vidéo authentique tourné par un ou plusieurs des protagonistes, caméra à la main ou à l’épaule. Ceci permet de faire éprouver au spectateur la tension en temps réel, de lui communiquer la peur et le sentiment de panique par la brusquerie des mouvements de la caméra. Pour rappel, dans [·Rec], les événements étaient filmés par une équipe de reporters piégés dans un immeuble subitement placé en quarantaine, et théâtre d’événements étranges et horribles…
Ici, on pensait que la reprise du même procédé allait s’avérer particulièrement pénible et répétitive. Il n’en est rien, au contraire, le dispositif étant intelligemment étoffé de quelques astuces bienvenues !

Cette fois-ci, les cinéastes ont choisi de nous faire suivre une équipe de militaires du GIGN espagnol envoyée dans l’immeuble placé en quarantaine, quelques minutes seulement après les événements détaillés dans [·Rec]. Les quatre hommes ne le savent pas encore, mais ils ont pour mission de trouver de quoi fabriquer un antidote au virus très contagieux qui a décimé tous les habitants de l’immeuble. Seul l’officiel qui les accompagne, un grand ponte du ministère de la santé, ou quelque chose comme ça, sait ce qu’il faut trouver, et où chercher, au dernier étage de l’immeuble, dans l’appartement où était retenue la petite Medeiros, fillette possédée par un démon… Il a aussi besoin d’avoir un maximum d’informations sur les lieux et a donc demandé à un des soldats de filmer, les autres étant aussi équipés de petites caméras intégrées à leurs casques…
Evidemment, les choses vont vite tourner au vinaigre avec la présence de tous les habitants transformés en monstres véloces et animés d’intentions pas franchement amicales. Et le bon sens n’étant pas forcément la qualité principale de ces gendarmes, fussent-ils d’élite, on s’attend à une hécatombe rapide et un peu trop prévisible…

Rec 2 - 2

Alors, pour pimenter un peu le jeu et éviter de lasser les spectateurs, Plaza et Balaguero changent de point de vue à mi-parcours, en s’attachant à un groupes de jeunes audacieux qui, décidés à filmer quelque chose de spectaculaire pour le mettre sur youtube, ont réussi à s’infiltrer dans l’immeuble maudit, pourtant totalement interdit d’accès (et une absurdité scénaristique, une !)… Puis, ils changeront une dernière fois de dispositif pour le final (mais chut ! bis)…

Le problème, c’est que ces virages narratifs, s’ils rythment bien le film et aident à instaurer le climat d’angoisse, contribuent aussi à faire basculer l’intrigue dans le grand n’importe quoi. En somme, c’est un bien pour un mal, et c’est bien dommage…
Bon d’accord, il ne s’agit que d’une série B horrifique qui ne brigue pas le Goya du meilleur scénario, mais quand même, un peu de rigueur n’aurait pas pu faire de mal… Le premier volet n’était pas non plus un modèle de cohérence narrative, mais il tenait un peu mieux la route…

Au final, on sort de la salle partagé entre un sentiment d’heureuse surprise et de déception. Heureuse surprise car le film réussit la gageure d’être aussi prenant et rythmé que le précédent, les auteurs se payant même le luxe de quelques audaces de mise en scène et un dispositif moins lassant que [·Rec]. Déception car les auteurs n’ont pas su se dépatouiller d’un scénario qui cherche à se démarquer du premier opus en prenant, hélas, des options peu inspirées. Le résultat n’a rien de honteux, ni de grandiose, si on prend [·Rec]2 pour ce qu’il est : un simple divertissement, un petit film d’horreur nerveux et bien mené, aux effets horrifiques globalement efficaces.

En revanche, ce serait mentir que de dire que l’on attend avec impatience le troisième – et ultime ? – volet de la saga, déjà en préparation… Là, ça sent vraiment l’exploitation commerciale et le déclin d’une franchise déjà sur le point de s’essouffler…

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Rec 2[·Rec
[·Rec

Réalisateurs : Jaume Balaguero, Paco Plaza
Avec : Manuela Velasco, Oscar Sanchez Zafra, Ariel Casas, Alejandro Casaseca
Origine : Espagne
Genre : documenteur horrifique
Durée : 1h25
Date de sortie France : 23/12/2009

Note pour ce film : ˜˜˜

contrepoint critique chez : le cinéma d’Olivier

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Rédacteur en chef de Angle[s] de vue, Boustoune est un cinéphile passionné qui fréquente assidument les salles obscures et les festivals depuis plus de vingt ans (rhôô, le vieux...) Il aime tous les genres cinématographiques, mais il a un faible pour le cinéma alternatif, riche et complexe. Autant dire que les oeuvres de David Lynch ou de Peter Greenaway le mettent littéralement en transe, ce qui le fait passer pour un doux dingue vaguement masochiste auprès des gens dit « normaux »… Ah, et il possède aussi un humour assez particulier, ironique et porté sur, aux choix, le calembour foireux ou le bon mot de génie…

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