Kenning (norrois) : figure de style qui utilise ainsi un langage figuratif à la place d’un nom plus concret composé d’un seul mot.
La guerre est par exemple appelée « vacarme des épées ».
Et le Groenland, « terre verte ».
L’Eden verdoyant ne s’avère pourtant qu’un caillou gelé au climat rude et à la nuit sans fin, hanté par la peur et les légendes. L’hérésie y pénètre le cœur des hommes comme la faim, le doute et la dureté de l’existence les assaillent sans relâche.
A l’ère des grandes découvertes, ce thriller médiéval nous entraine donc au-delà des océans vers une terre désolée, au sein d’une société formée par les descendants des colons vikings. La grandeur passée semble éteinte dans le cœur de ce peuple qu’un destin cruel à condamnés à vivre sur cette île ingrate, catalyseur des plus sombres recoins de l’âme humaine.
Hantée par un mélange de coutumes païennes, de sorciers autochtones et d’enseignements chrétiens en désuétude, la terre sans roi pourrait bien raviver les ambitions des assoiffés de pouvoir débarquant sur ce nouveau monde. Ou s’arrête la conquête et où commence la folie ? Dans un monde si glacé que le cœur des hommes et l’eau bénite y gèlent, la place est libre pour les folies et les danses macabres.
Le lecteur est immergé dans ce froid pénétrant au travers d’un dessin réaliste servi par un camaïeu de couleurs pâles, qu’éclaboussent régulièrement des gerbes sanguinolentes lors des scènes de violence confinant parfois à la sauvagerie.
Manipulations, meurtres, chasses aux trésors et aux fantômes se révèlent au fil des pages… Un sombre esprit tire les ficelles, reverse les influences comme les esprits, et se joue du lecteur comme des protagonistes. L’échiquier machiavélique qui se dessine à grands retournements de situation tient en haleine jusqu’à la dernière page !
La Terre Verte, de Ayroles, Tanquerelle & Merlet (Ed. Delcourt – Mirages)