– Prof. Fall, d’Ivan Brun &Tristan Perreton –

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A la Rubrique-à-Brac, on avait adoré le travail d’Ivan Brun sur No Comment et War Songs, la façon dont il mettait en scène des petits bonshommes tout ronds tout mignons… dans des situations les plus horribles que nos cerveaux viciés puissent imaginer.

Des situations volontairement choquantes – et parfois à la limite du supportable – pour mieux dénoncer les immondes travers de notre société actuelle.

De là, rien d’étonnant à ce qu’Ivan Brun se sente concerné et inspiré lorsqu’il tombe sur Prof. Fall, un roman sombre et sans concession de Tristan Perreton pas vraiment tendre non plus avec notre société.

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Prof. Fall suit l’histoire de Michel, un fonctionnaire lambda brisé par la triste routine de sa morne vie, embarqué dans une sombre affaire mélangeant proxénétisme, meurtres, et trafic de diamants suite à d’étranges trips oscillant entre schizophrénie et visions mystiques… Une histoire qui lui permettra de traiter des thèmes récurrents de ses premières histoires tels que l’urbanisation galopante et impersonnelle, la solitude et l’individualisme, la dépression et le suicide, mais aussi les relations ô combien inégales entre les pays du Nord et du Sud, la guerre et ses dommages collatéraux, le peu de moral de ceux qui en profitent, s’y complaisent et s’y vautrent sans aucune vergogne.

En ressortira un récit noir, désespéré et violent, et pourtant des plus intéressants et prenants car dense et profond, intelligent, extrêmement bien construit et documenté.

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Un récit pour lequel Ivan Brun troque son style faussement naïf et rond pour un trait beaucoup plus acéré et incisif, ancrant profondément ces pages dans une réalité sombre et poisseuse, et des cases insistant sur l’accumulation de lignes filant irrémédiablement vers la même perspective pour mieux symboliser le chemin tout tracé et uniformisé que l’on aimerait nous imposer. Des lignes, encore, avec les hachures étouffantes et oppressantes s’étalant et envahissant une grande partie de l’espace, et une absence de couleurs laissant place à une bichromie terne et délavée pour mieux signifier le manque d’espoir et l’avenir peu lumineux promis aux personnages.

Vous l’aurez compris, sur le fond comme sur la forme, tout est donc réuni pour vous embarquer dans un trip sans concession où la réalité la plus crue se pare d’un ésotérisme dérangeant, un voyage glacial et brutal qui vous conduira des banlieues grises de Lyon aux anciennes colonies portugaises d’Afrique en passant par les terrains vagues et marécages bordant tristement le Rhône.

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Prof. Fall, d’Ivan Brun & Tristan Perreton (ed. Tanibis).

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