– Oceania Boulevard, de Marco Galli –

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Pol Riviera vient de se jeter du haut d’un immeuble… et de s’écraser lamentablement sur le clodo’ d’en bas.

Suicide ? Les premiers éléments poussent à cette conclusion, mais cette thèse semble pourtant peu crédible au vu de la vie rêvée que menait le bonhomme.
Présentateur télé vedette, acteur hyper-influent du monde de l’art, véritable maître-à-penser dont chacun buvait la moindre parole : Pol Riviera bénéficiait d’une admiration sans faille… et constituait ainsi un élément essentiel pour Zupa, la riche et puissante société qui l’employait et tirait d’incroyables profits de son irrésistible aura.

Une société qui ordonne d’ailleurs au commissaire de lui fournir un coupable pour ce simulacre de suicide auquel personne ne croit. Mais attention : « fournir un coupable » ne signifie pas « trouver le coupable », juste lui servir un pauvre quidam sur un plateau d’argent, sans trop fouiller dans les petites affaires pas toujours très claires de la Zupa.

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Le commissaire demande donc à l’inspecteur Mortensen de mener une simili-enquête, pas trop poussée, histoire de satisfaire les dirigeants de l’omnipotente entreprise. Mission qui devrait aller comme un gant au pauvre homme, dépressif notoire vivant à l’écart de tous avec un casque rivé sur les oreilles, prenant bien garde de ne pas trop s’impliquer dans quoi que ce soit.

Pourtant, le troublant regard de Miss Pri – secrétaire de Pol Riviera rencontrée lors de l’interrogatoire des témoins – ravive en Mortensen des sentiments oubliés depuis des lustres… et le pousse à prendre à cœur bien plus que de raison cette étrange affaire.
Une affaire qui le trainera dans les méandres les plus profonds et dégueulasses de cette ville affreuse où il évolue… et des personnes qui croiseront son chemin.
Une affaire qui le fera douter de sa raison et mettra même sa vie en danger… et celle des personnes qui croiseront chemin.

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Par le découpage particulier de cet album – affichant sur chaque page deux cases en cinemascope sur fond noir – on imagine automatiquement des références issues plutôt du Septième Art que du Neuvième. Et si on pense premièrement à Beavis & Butt-Head (pas pour l’humour, bien sûr, mais pour ce trait tremblant et ces personnages aussi immondes par leurs trognes invraisemblables que par leur esprit pourri par le vice), se sont évidemment des films comme Twin Peaks ou Existenz du maître David Lycnh qui nous trottent dans la tête tout au long de la lecture, mais aussi le plus récent Fight Club, pour ses côtés à la fois violents, poisseux, et flashy.

Un étrange bouquin entre polar noir et thriller psychologique d’où se dégage un âpre et douceâtre parfum de film d’horreur ; déroutant, dérangeant, parfois même révulsant, et pourtant totalement captivant et terriblement séduisant !

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Oceania Boulevard, de Marco Galli (ed. Ici Même).

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