– Le singe, de Manara & Pisu –

 

Si je vous dis « Manara », bande de petits coquins lubriques, vous pensez forcément « jolies poulettes aux formes alléchantes »…
…non, non, ne niez pas !

Pourtant, saviez vous qu’en 1976 paraissait Le Singe, un album où Manara s’attaquait à la fameuse légende du Roi Singe.

Dans cet ancestral conte chinois, un singe de pierre – valeureux fils d’un rocher et de la foudre – est proclamé roi après avoir conduit son peuple vers une vallée des merveilles, puis s’engage dans une croisade au cours de laquelle il défiera empereur, sages, et même dieux, afin d’obtenir rien de moins que l’immortalité.

En plein dans sa période Métal Hurlant, Manara s’appuie sur la plume de Pisu et ancre ce texte au cœur de son époque, le transformant en un pamphlet contre l’Etat et les autorités en général, l’Eglise et les religions en général, la publicité et la société de consommation en général, la télévision et les moutons qui s’en repaissent en général…!

Un pamphlet empli d’humour, d’irrévérence, d’anachronismes… et de filles à poil : l’on parle de Manara, tout de même, l’une des références de l’érotisme en bédé !

 

D’un point de vue graphique, l’artiste ne nie pas l’influence certaine qu’exerçait sur lui Moebius en cette époque, et nous gratifie d’un style proche de celui du maître : précis, ô combien soigné, méticuleux, et foisonnant de détails ! Les cases explosent, débordent et dégoulinent, c’est une véritable orgie visuelle qui vous pénètre les orifices oculaires avec une ardeur aussi violente que jouissive…

Une relecture beatniko-anarchiste d’un grand classique de la littérature chinoise, pour un projet des plus personnels et ambitieux du roi de la bédé érotique.

Le Singe, de Manara & Pisu (ed. Glénat).

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