– Heavy Metal, de Loïc Sécheresse –

« Montjoie ! Saint-Denis !

Qu’il est loin ce temps béni où je pillais villages et violais donzelles à tour de bras avec mes hommes !
Me voici aujourd’hui en train de libérer le Royaume de France de ces porcs d’anglais sous les ordres d’une fillette haute comme trois pommes et qui ne jure que par son bon-Dieu-tout-puissant.

Les psaumes ont remplacé nos cris de guerre, les messes ont remplacé nos beuveries, les curés ont remplacé nos putains… et les actes insensés que lui dictent les voix impénétrables du Seigneur ont remplacé nos plans de bataille !

Et pourtant, je dois bien avouer que cette pucelle me fait grand effet : fini les actes de barbarie et les jurons, fi des bordels et des chaudes-pisses, je me plie alors aux valeurs de la douce illuminée, chevauche à ses côtés sous la bannière du Saint-Père, et pause même genou à terre quand l’heure lui semble propice à la prière…

Mais ne vous méprenez pas : malgré ses manières de cul-béni et sa petite taille, la donzelle ne démérite pas sur un champ de bataille, et c’est avec autant de plaisir que de hargne que je me joins à elle pour trucider du Godon !

Yault ! »

Raaaaaaaaaaah, quel bonheur de lire une histoire de chevalerie où l’on ne minaude pas, où les chevaliers ne sont pas des bellâtres aux bonnes manières et au sourire ultra-brite, mais de vrais gaillards, un brin rustauds et crados, certes, mais tellement plus proches de ce qu’il devait réellement en retourner en cette époque de barbares !

Et pour leur rendre si justement hommage, on ne saurait rêver mieux que le trait vif, libre, fougueux, et nerveux de Loïc Sécheresse qui illustre à merveille la violence et la folie relatives à ces temps obscurs !
Un traitement moderne et rock’n’roll davantage appuyé encore par ces dialogues explosifs et crus, et ces couleurs flashouilles, à la limite du fluo, qui picotent les yeux et vous décalquent les rétines autant qu’un bon coup de masse d’arme en pleine tronche !

 

Ah, si c’était ainsi que les profs au collège nous enseignaient la Guerre de Cent Ans, Jeanne-la-Pucelle, Jean d’Alençon, ou la prise d’Orléans, peut-être les cours d’Histoire nous paraitraient-ils alors moins rébarbatifs !

Heavy Metal, de Loïc Sécheresse (ed. Gallimard – Bayou).

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