– Funérailles, de Florent Maudoux –

Si l’excellente série Feaks’Squeele (click) suit l’évolution d’un trio de bras-cassés au sein d’une école de super-héros, un autre personnage – sombre, inquiétant, et mystérieux – sort petit à petit de l’ombre et s’avère bien plus important et puissant qu’on n’aurait pu le croire : Funérailles.

Guerrier sans égal, mi ange gardien, mi ange de la mort, ce personnage vêtu de noir et au visage gravement scarifié, Florent Maudoux le qualifie comme son Dark Vador à lui…
…un personnage au charme fou et au potentiel immense qu’il eut été dommage de ne pas exploiter au maximum.

Pour cela, Maudoux avait bien imaginé une sorte d’interlude dans sa série où il s’offrirait l’occasion de revenir sur la jeunesse de ce personnage, mais Funérailles est un être si complexe et profond que c’est finalement toute une série parallèle qui sera dédiée à ses origines !

Dans Fortunate Sons, premier tome de ce spin-off, l’auteur nous emmène dans une immense cité où se mêlent grandeur et décadence, sorte de mélange entre la prestigieuse Rome et la corrompue Gotham City.

C’est en ces lieux que nous assisterons à la naissance de Scipio et de son frère jumeau Funérailles (Prétorius, de son vrai prénom).
Et si tout sourit au premier, fils parfait et tant désiré qui bénéficiera de toutes les attentions et de la plus fine des éducations, il n’en sera pas de même pour Prétorius.
Les prophéties voyant la fin du monde en sa naissance, le bébé sera arraché à sa famille et jeté aux cochons. C’est à demi dévoré – dévisagé et amputé d’un bras – qu’il sera sauvé par le chirurgien l’ayant mis au monde, et élevé au sein d’une véritable Cour des Miracles, peuplée de miséreux considérés comme des moins que rien et des véritables monstres par la société dorée.

 

Pourtant, le destin étant parfois joueur, les deux frères finiront par se rencontrer, s’apprécier, et ne former plus qu’un pour chambouler les plans longuement établis par ceux détenant jalousement tous les pouvoirs en la cité de Rem.

Ce premier tome, servi par le dessin toujours aussi majestueux et le sens du rythme hallucinant de Maudoux, nous promet une nouvelle longue série aussi captivante et magistrale que sombre et violente, sorte de pendant dark du shinny Freaks’Squeele, drôle et déjanté.

Si Rouge – l’autre spin-off récemment paru de la série mère – se teintait d’un léger rose, Funérailles, lui, joue clairement la carte du noir profond… pour notre plus grand plaisir !
Alors ne résistez pas, et laissez-vous tenter par le côté obscur du Squeele.

Funérailles, tome 1, de Florent Maudoux (ed. Ankama).

* Bonus : Extrait de l’interview de Florent Maudoux, réalisée en octobre 2012 lors du dernier Quai des Bulles, où il nous exposait sa vision très personnelle de Funérailles :

Florent : En ce moment, je travaille sur Funérailles, et Freaks, je l’ai mis un peu en pause, comme ça, ça me permet de revenir dessus un peu plus frais après…
Avec Funérailles, je change d’univers : c’est beaucoup plus sombre. Au début, je prévoyais de faire un aparté sur sa jeunesse dans Freaks, mais ça c’est pas très bien goupillé parce que Freaks c’est un univers qui est bien trop shinny par rapport à tout ce que je voulais raconter.
Là, on revient complètement sur les origines de Funérailles, on voit comment lui et Scipio sont arrivés là où ils sont dans Freaks.
En fait, ça parle des mêmes thèmes, mais dans un contexte complètement différent et ancien, tu vois ? Le titre de la série, ce sera Fortunate Sons, et c’est pas un hasard : c’est une chanson sur la guerre du Vietnam, et je voulais ce coté un peu survivor. Dans Freaks, on voit comment les jeunes peuvent faire pour se démarquer dans un monde qui est à la fois en paix et un peu décadent, en crise, alors que dans Funérailles, c’est dans le monde d’avant, qui était en guerre, un monde à la fois hostile et qui va se finir…

PaKa : Ce sera un One Shot ?

Florent : Oh non, une série ! Une grosse série, même. J’ai trop d’éléments dans Funérailles
Au début, je voulais faire genre une trilogie, et puis au fur et à mesure, j’ai réalisé qu’il me faudrait beaucoup plus. En fait, ça parle la gémellité, et c’est un sujet qui est vraiment énorme, parce que finalement, qu’est-ce qui démarque un vrai jumeau d’un autre ? Des fois, c’est un élément de la vie, c’est un hasard… Dans Funérailles, ça parle de ça, et finalement, je me suis amusé sur tout ce qu’on peut trouver d’appareillé dans le monde dans lequel on vit : l’ADN et sa double-hélice, les deux serpents du caducée…. Et puis rien que le lieu où ça se passe : Rem, c’est une cité qui est le pendant de Rome, construite par des jumeaux ! Et puis c’est aussi un petit jeu de mot avec REM, Rapid Eye Movement, qui symbolise le rêve…

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