– Oublier Tian’Anmen, de Davide Reviati –

Avec ses quelques 800 mètres sur 500, soit plus de 400 000 mètres carrés, la Place Tian’Anmen est la place publique la plus grande du monde.

En plein cœur de Pékin, véritable symbole de la Chine populaire et visitée chaque année par des millions de touristes, cette place dont le nom signifie Porte de la Paix Céleste est également célèbre pour une raison des plus funestes.

En 1989, alors que des milliers d’étudiants et d’intellectuels se rassemblent sur la célèbre place pour réclamer à l’autoritaire Deng Xiaoping la mise en place de réformes démocratiques, le gouvernement, désireux d’endiguer le mouvement au plus vite, décide d’envoyer ses troupes armées.

Une façon radicale et violente pour contrer des manifestants pacifistes et bienveillants, qui se conclura sur un bilan de plusieurs milliers de morts et de nombreuses arrestations abusives.

Un bilan que les autorités s’efforceront de masquer au maximum à la presse étrangère, et carrément d’occulter des souvenirs du peuple chinois, censurant tout article ou livre revenant sur cette tragédie qu’eux qualifieront simplement « d’incident politique ».

Dans Oublier Tian’Anmen, Davide Reviati revient sur ce sombre épisode de l’Histoire, mais ce, en évitant toujours d’emprunter un ton professoral ou moralisateur qui aurait rapidement pu s’avérer pompeux et rébarbatif.

L’auteur choisi plutôt de traiter cet évènement sous forme d’un journal, celui d’un expatrié qui revient en Chine afin de réaliser un reportage sur le massacre de Tian’Anmen, tout en honorant la promesse qu’il fit jadis à celle qu’il aime de la retrouver en ce même lieu et place vingt ans après leur séparation…
…lui, partant chercher la liberté en Italie, elle, restant défendre ses idéologies démocratiques dans son pays en crise.

L’occasion de traiter de manière très humaine le sujet, de ressentir les émotions de ceux l’ayant vécu de l’intérieur, de comprendre au mieux les difficultés à obtenir des informations sur ces jours noirs, mais aussi de se pencher d’une manière plus générale sur la façon de vivre des chinois, leurs codes, leurs relations, leurs rapports à l’Autorité, à l’Etranger, à leurs semblables, ou encore à leur conjoint…

 

Un récit auquel l’auteur confère d’autant plus la forme d’un témoignage intime et sincère grâce ses dessins à l’encre, tracés rapidement, à l’instinct, et respirant la spontanéité, le moment présent, comme si l’on feuilletait le carnet de croquis que le journaliste noircissait à chaque instant de son voyage.

Un livre à la fois fort et sensible, aussi intéressant que bouleversant, qui vous révolte et vous émeut autant qu’il vous informe… pour ne jamais oublier Tian’Anmen.

Oublier Tian’Anmen, de Davide Reviati (ed. Cambourakis).

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *