– Motherfucker, de Sylvain Ricard & Guillaume Martinez –

En 1963, Martin Luther King, avait un rêve ; un rêve dans lequel Noirs et Blancs vivraient ensemble… Libres, égaux, et en paix.
Malheureusement, dans les années 60, cent ans après que l’esclavage eut été aboli, ce rêve est encore loin de se réaliser.

C’est à cette époque que nous suivrons le quotidien de Vermont Washington, un jeune Afro-Américain vivant dans la banlieue de Détroit,sa famille ayant quitté les états du Sud dès son plus jeune âge afin d’échapper à un Ku Klux Klan encore très actif. Mais malheureusement, même dans les états du Nord la couleur de sa peau reste un problème, Vermont et les siens subissant à chaque instant les affres d’un racisme encore très présent.

Sylvain Ricard rythme son récit en abordant un par un les dix points du programme établi par le parti des Black Panthers, et y oppose habilement la vie de Vermont afin de démontrer l’énorme différence subsistant malheureusement entre l’écrit et la réalité, synonyme de persécution, d’humiliation, et d’injustice…

Habilement, car malgré l’aspect très sensible de ce sujet, le scénariste évite le piège du manichéisme en ne diabolisant pas automatiquement les blancs, ni ne plaçant systématiquement les noirs en martyrs.
Trouvant le juste milieu, il saura nuancer son propos en mettant en scène des blancs passant outre ces considérations de couleurs, mais aussi montrant qu’entre les noirs eux-mêmes tout n’est pas toujours rose : certains traitant leurs frères de rouges lorsque leur engagement devient trop politique, ces mêmes rouges reprochant à ceux qui acceptent leur sort de ne pas se battre pour un coin de ciel bleu.

 

Des nuances que l’on retrouve également au niveau du dessin : à l’image du propos qui n’est jamais tout noir ou tout blanc, Guillaume Martinez déploie une magnifique palette de gris, idéale pour appuyer les zones d’ombres et de lumière, de rage ou d’espoir.

Un diptyque fort sur le destin d’un homme, d’un peuple, d’un combat ; parfois énervant et révoltant, mais toujours plus passionnant et poignant au fur et à mesure des pages où la tension devient de plus en plus intense et palpable…

 

Motherfucker, 2 Tomes, de Sylvain Ricard et Guillaume Martinez (ed. Futuropolis).

3 Comments

on “– Motherfucker, de Sylvain Ricard & Guillaume Martinez –
3 Comments on “– Motherfucker, de Sylvain Ricard & Guillaume Martinez –
  1. Suite à la 1ere chronique, j’ai acheté les 2 d’un coup, alors avant de lire ta chronique ( qui pourrait me donner des indications avant l’heure) je vais te mettre en contact avant ma banque pour les futures plaintes et interdictions bancaires

  2. Yep, un bien beau récit, parfaitement maitrisé, tant sur le ton avec lequel ils abordent le sujet que sur la manière de le traiter visuellement… classe !

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