– Herakles, d’Edouard Cour –

Héraclès, le retour.

Si peu de temps après vous avoir parlé d’Héraclès via l’article sur Le Héros, de David Rubin, voilà que je ressors de déjà le mythe du demi-dieu grec et de ses douze fameux travaux.
Ce coup-ci, la tâche de transcrire l’antique légende en bande dessinée revient à Edouard Cour, qui – ne faisons pas durer le suspense – relève fièrement le défi.

Lorsqu’on connait mon enthousiasme quant à la géniale adaptation réalisée par Rubin, on se dit qu’il n’est facile pour quiconque de passer derrière lui sans essuyer les plâtres, et pourtant, même s’il n’est pas parfait en tout point, cet Héraclès-ci reste tout de même loin de faire pâle figure.

Alors il est vrai que certains faits historiques – sans doute considérés comme évidents par l’auteur – ne sont que trop peu développés, ou que quelques travaux semble être accomplis un poil trop facilement (par exemple, les oiseaux du lac de Stymphale terrassés en quelques flèches seulement), mais à part ces petites faiblesses scénaristiques, l’album regorge de qualités.

Dans le traitement du personnage, tout d’abord, qui est présenté ici selon un angle des plus radicaux, sous la forme d’un gros costaud rustaud, impulsif et expéditif, pas toujours très fin et volontiers violent… voire cruel.

Et pourtant, au fil des pages, quelques grammes de finesse viendront nuancer ce monde de brutes.
On découvrira alors un Héraclès hanté par ses vieux fantômes, pas forcément fier de ses actes passés ni tout à fait persuadé du bien-fondé de ses travaux, réalisant parfois que derrière ses atours de guerrier inflexible, il n’est finalement que le pion d’Héra et d’Eurysthée.

Une bestialité et une gravité nettement contrebalancées par une bonne dose humour, tant dans les situations teintées d’absurde que dans les dialogues regorgeant de jeux de mots… en grec ancien !

 

Enfin – et surtout – la grande force de ce livre réside dans son graphisme.
Adoptant un style qui n’est pas sans rappeler celui du grand Christophe Blain, Edouard Cour apporte un souffle épique aux aventures de son héros grâce à un trait vif et dynamique, et y ajoute un côté anguleux parfait pour illustrer les profils grecs dans l’esprit de ceux qui ornaient jadis les amphores !
Un coup de crayon sublimé par un joli travail des couleurs, elles-mêmes soulignées d’une très légère touche de numérique appuyant le rendu des textures, et des ombres intenses et profondes obtenues à grands coup de hachures nerveuses et puissantes !

Avec toutes ces qualités, espérons que l’auteur transforme cet essai en coup de maître lors du second tome, et offre un écrin digne des dieux à cette légende de la mythologie.

Herakles, d’Edouard Cour (ed. Akiléos).

2 Comments

on “– Herakles, d’Edouard Cour –
2 Comments on “– Herakles, d’Edouard Cour –
  1. Bon, content que ce Herakles ne t’aie pas déçu ! Et du coup avec ce que tu as déjà dit et la comparaison que tu ajoutes, j’ai vraiment hâte de découvrir le Héros (bientôt bientôt) !

  2. Depuis le temps que je saoule tout le monde avec ce bouquin, j’espère que tu seras pas déçu…
    …mais y a peu de risques : un des plus beaux albums de l’année !!

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