Le paysage qui défile, les heures qui ne défilent pas, la sensation de gerbe qui va et qui vient, les fourmis dans les jambes, les pauses pipi à répétition, les aires d’autoroutes qui puent, les sandwichs triangles bien dégueu’, les bornes qui s’enchainent, toujours le même paysage qui défile, les heures qui ne défilent décidemment pas… l’ennui…
Ah, les voyages en voiture, quel enfer !
Et pourtant, quand on était gamin, les conditions s’avéraient encore bien pires : on crevait de chaud parce que la clim’ c’était que pour les bourges, les parents s’engueulaient parce que le GPS était loin d’être inventé et que maman était incapable de lire une carte, la p’tite sœur tapait des crises sans nom pour nous taxer notre Game Boy, et papa nous vrillait le crâne avec sa sempiternelle cassette qui tournait en boucle…
Une nouvelle fois, vous vous dites : les voyages en voiture, quel enfer…
…mais en même temps, vous devez bien avouer qu’une légère pointe de nostalgie vous pince le cœur, non ?
Ces voyages en voiture, Oriane Lassus les relatent grâce à de nombreux et minuscules détails quasi-insignifiants s’ils ne réveillaient pas mille et un souvenirs en chacun de nous, et les illustrent d’un trait nerveux et complètement lâché, ne craignant jamais de passer outre toute notion de proportions pour retranscrire au mieux les minutes qui s’allongent à l’infini ou les désagréments de nos corps soumis à rude épreuve…
Une lecture qui pourrait sonner comme une véritable torture au premier abord, et pourtant l’auteure fait preuve d’un tel savoir-faire et d’une telle malice que l’on apprécie finalement ce voyage en voiture sans demander une seule fois : « c’est quand qu’on arrive ? »
Ca va derrière ?, d’Oriane Lassus (ed. Vraoum !).