Via son trait épais et charbonneux, Baudoin nous nous présente l’univers de Mat.
Un univers peu attrayant dans lequel le jeune garçon traine son mal-être, désertant le domicile familial pour échapper à ce père empli de haine et de mépris qui ressasse à longueur de journée ses affreux souvenirs d’Algérie, se faufilant tant tant bien que mal entre les ombres glaciales des tours de béton, les fumées nocives des usines, et les contrôles de Police toujours plus nombreux…
Pourtant, ce trait épais et charbonneux, saura également devenir léger et aérien lorsque Mat se montrera fort et habile, usant au mieux de sa fraicheur et de son innocence pour survivre au cœur de cette jungle urbaine, un peu tel un Mowgli des temps modernes.
Et si l’on pousse encore la comparaison avec le livre de Kipling, Mat devra affronter ses peurs les plus profondes – son père tenant ici le rôle du tigre – et rencontrer l’Amour – en la personne de la douce Elodie – afin d’atteindre enfin le monde des hommes…
Une fable sur le difficile passage de l’enfance à l’âge adulte que Baudoin nous conte avec poésie, onirisme, et une certaine mélancolie.
Mat, d’Edmond Baudoin (ed. Gallimard).