– Gare ! La Moustache au Poitrail, d’Emmanuel Reuzé –

Si vous fréquentez de bonnes librairies spécialisées en bandes dessinées, vous risquez de tomber sur un album intitulé « Gare ! La Moustache au Poitrail ».

Forcément, intrigués par un tel titre et titillés par une saine et constructive curiosité, vous vous emparerez dudit album et, au vu de sa couverture, serez probablement amenés à penser qu’il s’agit là d’un énième nouveau super-héros, voire à la résurrection d’un vieux personnage de second plan remis en avant pour surfer au mieux sur la vague actuelle provoquée par l’adaptation ciné’ des grands classiques Marvel ou DC.

Hé bien non !
En le feuilletant, vous y découvrirez une succession d’histoires courtes, de 2 à 6 pages, sans aucun lien entre elles, oscillant allègrement entre le western, la SF, le reportage, ou le récit d’aventures… et ce avec un graphisme typique des comics US des années ’80.
Aussitôt, vous revenez sur le nom de l’auteur, sûr qu’on vous vend là un recueil des premiers strips d’un auteur à la mode aujourd’hui, comme Soleil réédite les premiers récits d’Alan Moore depuis que son V pour Vendetta ou ses Watchmen sont devenus des films à succès.

Hé bien non, encore une fois !
La curiosité saine et constructive sus-citée s’accroissant, vous lisez la première histoire, et êtes surpris par ce décalage entre le texte – décrivant une poursuite sanguinaire entre un cow-boy et une horde d’indiens – et l’image – figurant l’errance du cow-boy dans un village abandonné. Un peu comme si l’auteur suivait cette contrainte de l’OuBaPo (click) consistant à changer les paroles d’une page déjà existante.
Quoi qu’il en soit le résultat est très drôle !

On s’enchaine donc la seconde histoire, et l’on assiste à un entretien entre un général haut-placé et un extra-terrestre menaçant de détruite la Terre si on refuse de lui céder la principauté de Monaco… afin qu’il échappe au FISC de sa planète !
Encore une fois, très drôle !

Hop hop, on dévore la troisième histoire ; celle-ci nous entrainant dans un hôpital psychiatrique où des infirmiers se déguisent en fous pour tenter de guérir un fou qui se prend pour le directeur de l’hôpital, affirmant lui-même avoir interné deux fous se prenant pour des infirmiers déguisés en fous…
Malin, déconcertant… et très drôle !

Et c’est ainsi que, sans s’en rendre compte, on vient d’engloutir d’une traite ce recueil d’histoires à l’humour potache mais qui jamais ne tache, faussement très con et vraiment très intelligent ; à l’image de La Classe Américaine, ce désopilant film détournant les grands classiques du cinéma américain en prêtant des répliques savoureusement absurdes à des acteurs de légende tels que Dustin Hoffman ou Robert Redford.

Gare ! La Moustache au Poitrail, d’Emmanuel Reuzé (ed. Vraoum).

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