– Le serpent d’Hippocrate, de Fred Pontarolo –

Une fois n’est pas coutume, aujourd’hui c’est encore par une référence cinématographique que j’introduirai ma bande dessinée du jour. D’une part car la R-à-B reste avant tout la petite sœur d’un site de référence en matière de 7ème art, et d’autre part car devant un tel album, comment ne pas penser à un Hitchcock… ou bien un Chabrol, histoire de mieux coller à l’école franco-belge ?!

Comme dans les meilleurs scénar’ de ces maîtres du suspens, Fred Pontarolo joue la carte du minimalisme : pas besoin d’esbroufe pour être efficace !
Deux personnages principaux – une femme en détresse et un médecin très à l’écoute – et un monstre uniquement mentionné mais dont la présence oppressante plane continuellement, à l’image de la mère de Norman Bates dans Psychose. Le monstre en question, un militaire rustre et violent, bat et malmène sa femme à chacune des perm’ que lui accorde l’armée. Le médecin, alerté de la situation par de tierces personnes, prend la martyre sous son aile, s’y attache, en tombe amoureux, et sera finalement prêt à tout pour la sauver de ce diable.

 

Voilà, les bases sont posées. Elles sont simples au possible et il faudra tout le savoir-faire et l’intelligence d’un Chabrol pour passionner le lecteur avec un pitch si basique. Défi que Pontarolo relève haut la main, tant il saura tisser des liens complexe et ambigus entre les personnages, cultiver leur noirceur sans hésiter à sacrifier leur innocence, entretenir un mystère dérangeant à coup de silences judicieux et de non-dits insidieux, orchestrer une belle montée en puissance pour une véritable descente aux enfers…

Défi qu’il relève également au niveau du visuel, son trait fin et torturé déformant les cases et les perspectives pour mieux figurer la folie et la violence, ses aquarelles délavées et ternes – comme surdiluées dans un trop-plein de larmes – instaurant une ambiance pesante et glaçante à souhaits…

Un thriller psychologique malsain et poisseux, habilement mené par un Pontarolo qui n’aurait pas à rougir devant les maîtres du genre.

Le serpent d’Hippocrate, de Fred Pontarolo (ed. Futuropolis)

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