– Encyclopedia Diabolica, de Christophe Kourita –

Haaaa, le Japon…
Le Japon et sa culture extraordinaire, hallucinante et foisonnante, oscillant constamment entre tradition et modernité.
Pour la modernité, nous avons la révolution animée importée par Dorothée, les concerts enflammés d’une chanteuse en images de synthèse 3D, et les chansons d’Alizée remasterisées en J-Pop spécialement pour leurs salles de karaoké…
Pour la tradition, nous avons la photo sur notre calendrier d’un temple de Kyoto à l’ombre d’un érable rouge flamboyant, les vieilles parisiennes qui font du Shiatsu pour mieux ré-équilibrer leur Feng Shui, et les nombreux bars à sushis où les poissons se baladent en tapis roulant…
Bon, bien sûr, c’est une caricature : leur culture est bien plus riche et profonde que ces quelques clichés que nous avons importés, et dans Encyclopedia Diabolica, Christophe Kourita se propose d’en mettre en avant un pan quelque peu méconnu et pourtant fort intéressant : les yokai.

Ah, ça y est, j’en entends déjà, là, au fond, en train de râler : les yokai, qu’est-ce que c’est qu’ça, encore ? Un nouveau jeu vidéo nippon ultra-violent ? La dernière fusion de deux Pokemons ? Une énième petite bête aussi kawaï que virtuelle à cyber-sustenter ?
Que nenni, les yokais ont trait aux plus anciennes des croyances populaires du Japon, et afin de nous expliquer de quoi il s’agit, Christophe Kourita met en scène le professeur Lafayette, éminent docteur ès yokayologie.
Dans les premières pages notre expert nous propose un cours décrivant ce que sont les yokai : des êtres mystérieux et étranges, ni vraiment des monstres ou des revenants, mais plutôt des sortes d’esprits issus de chaque objet de la nature nous entourant.
Le professeur nous expliquera ensuite que, contrairement à ce que nous pouvons croire, ces démons existent bel et bien aussi chez nous ; et entamera un tour de France des yokai où il nous décrira, région par région, quelles sont les créatures mystérieuses se cachant dans l’ombre de nos villes et nos campagnes.
Ainsi de Paris à la Bretagne en passant par la baie du Mont St Michel ou la route de Compostelle, nos us et coutumes seront cuisinées à la sauce wasabi pour donner naissances à une galerie de monstres aux couleurs du Levant ; parfois malveillants – prêts à tuer pour protéger la nature, parfois gentils – remerciant généreusement ceux qui les ont accueillis, ou tout simplement farceurs, taquinant le chaland à coups de mauvais tours pas bien méchants…

Moi qui suis un fan du Japon, je ne pouvais qu’être séduit par cette savoureuse idée que d’adapter la plus nippone des superstitions à nos vieilles croyances françaises. D’autant plus que Kourita était vraiment l’un des auteurs les mieux placés pour s’attaquer à une telle tâche : né au Japon et y ayant vécu jusqu’à ses 17 ans tout en étant scolarisé dans une école française, il publiera ses premiers albums en France dans les années ‘90 avant de retourner au Japon pour exercer en tant que mangaka.
Du coup, ce spécialiste du choc des cultures engendrera un intéressant mélange où les grands yeux à la manga côtoieront les gros nez à la franco-belge, où des ombres rappelant les Idées Noires de Franquin s’intercaleront entre deux contes où se baladent des esprits tout droits sortis du Voyage de Chihiro, et où l’on croisera quasi-naturellement un exotique cousin de Totoro en train de flâner sur les bords de la Loire.

Comme bien souvent avec les recueils de nouvelles, certaines sont un peu moins captivantes que d’autres, un poil trop courtes ou trop légères, mais je me suis néanmoins agréablement laissé emporter par cet étrange objet compilant habilement, de manière à la fois encyclopédique et poétique, les yokai à la française.

Encyclopedia Diabolica – Tome 1, de Christophe Kourita (ed. Ankama)

One Comment

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One Comment on “– Encyclopedia Diabolica, de Christophe Kourita –
  1. There are said to be 8 millions of gods, fairies or spirits in everything in Japan.
    What such are embodied or something obsessed by such are called Youkai, which are not fantom in exact meaning.

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