– Pendant que la planète flambe, de Jensen & McMillan –

Une petite fille parle avec un lapin borgne.
Elle lui expose les bienfaits du recyclage d’une simple canette. Le lapin lui rétorque que ces bienfaits seront bien plus conséquents pour les industriels que pour la planète, et au passage, ajoute une petite charge contre la télévision.
On se demande, n’est-ce pas un peu convenu ?

Page suivante, un enfant dialogue avec un oiseau.
Le premier rêve d’un monde où des douches plus courtes règleraient le problème de pénurie d’eau, le second lui répond que la réalité est tout autre pour ses congénères aquatiques.
On se demande, n’est-ce pas un peu cul-cul ?

Retour de la première fillette.
Cette fois-ci elle expose à une seconde fillette comment réduire les émissions de CO2 grâce aux ampoules basse-consommation.
On se demande, n’est-ce pas un peu simpliste ?

Page suivante, un bobo tendance baba dialogue avec un renard.
Le premier explique au second que la solution à tous les problèmes est la méditation.
On se demande, n’est-on pas un peu en train de nous prendre pour des cons ?

Retour des deux fillettes.
La première, sur un ton très didactique et grâce à des statistiques précises, cherche à convaincre la seconde qu’en adaptant un minimum nos petits gestes quotidiens, on pourrait réduire considérablement le réchauffement climatique.
On se demande, n’est-ce pas ce discours qui est un peu réchauffé ?

Apparaissent ensuite deux robots extra-terrestres prêts à dévorer notre planète, suivis d’un homme politique et d’un grand industriel sur le point d’inventer la « surconsommation durable », d’une bande d’animaux regrettant l’époque bénie où les hommes et la nature vivait en harmonie, d’un chef d’état ne jurant que par la bible et l’or, d’un parti écolo’ plus soucieux de son image que de l’environnement…
On se demande, ça part pas un peu dans tous les sens, là ?

On continue tout de même, intrigués, et petit à petit, on découvre le fil conducteur reliant toutes ces saynètes. Les extra-terrestres offrent de l’or au président contre un permis de détruire la Terre, les industriels s’insurgent car la planète et ses ressources leur appartiennent, les écolos pétitionnent à tout vat, alors que nos deux fillettes éco-responsables s’allient aux animaux sauvages pour fomenter une véritable révolution !

Commence alors un joyeux bordel, une grande ronde où tout le monde en prend pour son grade : le bab’ qui demande au renard de devenir végétarien pour épargner ses proies fuit quand le renard lui répond que sa propre espèce pratique la vivisection ; les extra-terrestres nous traitent allègrement de cons en disant que généralement on détruit les planètes que l’on conquiert et non celle où l’on vit ; le président vend ses permis de détruire au plus offrant et taxe de dangereux terroristes les opposants à sa politique, l’industriel se gausse en vendant à prix d’or des articles écologiques à des gens prêts à payer une fortune pour « faire ce qu’il faut » ; les médias relayent, répètent, et inondent les ondes avec une information mineure afin de masquer la triste vérité ; et nos innocentes fillettes dénoncent aussi bien les particuliers et leurs efforts hypcrotes servant plus à préserver leur bonne conscience que la planète, que les industries qui monopolisent à elles seules 90% de l’eau disponible, ou ces fausses solutions telles le bio carburant découlant d’une agriculture de masse qui ravage les sols et les rivières…

Des propos durs, donc, pouvant même parfois paraître à la limite du pessimisme, de l’alarmisme, ou de la démagogie ; mais allégés par ce dessin naïf et enfantin, et ces couleurs criardes nous indiquant clairement que le but de cet album est avant tout de se marrer un bon coup…
…et si au passage on peut remettre quelques personnes en place et en faire réfléchir une poignée d’autres, alors pourquoi se priver !?

Pendant que la planète flambe, de Jensen & McMillan (ed. La Boîte à Bulles)

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