On avait bien aimé les premiers films d’Hélène Angel. Son moyen-métrage, La vie parisienne avait une tonalité douce-amère appréciable. Son premier long, Peau d’homme, coeur de bête était irrigué par une force brute qui secouait autant les jeunes protagonistes que les spectateurs. Et Rencontre avec le dragon, qui flirtait avec le fantastique, avait confirmé le talent singulier de la cinéaste. On attendait donc avec impatience ce nouveau film.
Las, si Propriété interdite cherche à s’inscrire dans la  lignée des films précités, à la fois ancrés dans le réel et très étranges, presque oniriques, il s’avère moins convaincant et nous laisse euh… interdits…

Propriété interdite - 3

L’intrigue débute comme un film d’épouvante : Claire et Benoît, couple apparemment heureux et sans histoires, débarquent dans une vieille bicoque isolée à la campagne pour y faire des travaux et la mettre en vente. A l’intérieur, ils trouvent des tonnes d’immondices et une flaque de sang. On apprend que la maison appartenait au frère de Claire, et que celui-ci s’est suicidé d’une balle dans la tête. La jeune femme est affectée par ce drame sanglant, plus qu’elle ne le laisse paraître : elle est prise de crises de boulimie et continue de laisser des messages sur le répondeur du défunt…
Bref, ça ne tourne pas très rond dans sa tête. Aussi, quand elle dit sentir une présence dans la maison, son mari ne la prend pas au sérieux. Pourtant, des événements étranges laissent à penser qu’une présence étrangère hante bien la maison…

Propriété interdite - 6

On n’en dévoilera pas plus afin de préserver le plaisir – éventuel – du suspense et des rebondissements à ceux de nos lecteurs qui voudront se faire leur propre avis sur le film.
Disons simplement que le film prend un virage inattendu, au risque de dérouter plus d’un spectateur.

On devine les intentions de la cinéaste, notamment la mise en place d’une réflexion sur la notion d’horreur : paranormal, folie, angoisse de l’Autre, de l’inconnu… Mais aussi, horreur “sociale”.
Le concept est intéressant, potentiellement apte à nous faire à la fois frissonner et réagir. Mais à l’écran, cela ne fonctionne pas trop.  Le film est plombé par une réalisation peu convaincante et un jeu d’acteur outrancier.
Si c’est un choix délibéré de mise en scène, c’est une mauvaise inspiration. Sinon, c’est que la direction  d’acteurs est catastrophique. D’habitude, on admire Valérie Bonneton et Charles Berling, mais là, désolés, on trouve leurs personnages peu crédibles, pour ne pas dire ridicules…

Propriété interdite - 2

A l’arrivée, c’est la déception et la perplexité qui dominent.
En tant que film de genre, c’est assez pauvre, le film ne provoquant jamais l’effroi ou le malaise. Seule cette relation que l’on devine trouble entre le frère et la soeur – inceste? relation fusionnelle malsaine ? – distille un brin d’ambiguïté…  Et ce trou, dans la cave, qui intrigue et porte une dimension symbolique et/ou psychanalytique.
Mais on est loin, très loins, de films comme Saint Ange ou L’orphelinat.
Et en tant que chronique sociale, c’est aussi peu convaincant. Là aussi, surtout à cause d’un jeu d’acteur défaillant : les agaçantes gesticulations de Vasil Vivitz Grecu, qui en fait des tonnes dans son rôle, font sombrer le film dans le grotesque. Bref, c’est raté sur toute la ligne, malgré une tonalité générale qui a le mérite de sortir des sentiers battus…

Propriété interdite - 5

On n’arrive jamais vraiment à rentrer dans cette Propriété interdite qui, selon nous, marque une nette perte d’inspiration de la part d’Hélène Angel. On espère que la cinéaste saura vite se ressaisir et qu’il ne faudra pas attendre huit ans pour découvrir son prochain long-métrage… Attention, frein méchant…

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Propriété interdite Propriété interdite
Propriété interdite

Réalisatrice :  Hélène Angel
Avec : Valérie Bonneton, Charles Berling, Vasil Vivitz Grecu, Guilaine Londez, Thierry Godard
Origine : France
Genre : horreur (dans tous les sens du terme)
Durée : 1h20

Date de sortie France : 19/01/2011
Note pour ce film :

contrepoint critique chez :  Libération
(bizarrement les critiques presses sont plutôt bonnes…)
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