Henry (Gattlin Griffith), un adolescent de treize ans, vit dans une petite bourgade pavillonnaire du New Hampshire avec sa mère, Adèle (Kate Winslet). Celle-ci,  profondément marquée par un divorce difficile, reste désormais cloîtrée chez elle et ne fréquente plus personne. Elle s’est enfermée dans une routine dépressive qui inquiète le jeune garçon. Le dernier week-end avant la rentrée scolaire, alors que l’été brille de ses derniers feu, il réussit à la convaincre d’aller faire quelques courses au supermarché local.
Là, ils sont abordés par Frank (Josh Brolin), un homme blessé à l’aine, qui leur demande de les véhiculer jusqu’à la sortie de la ville. Ils ne tardent pas à apprendre qu’il vient tout juste de s’évader de prison, où il purgeait une peine pour un homicide. Frank les oblige à le cacher chez eux, le temps qu’il puisse se remettre de sa blessure et que la police relâche sa surveillance.

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Avec ce point de départ, on pourrait penser que Last days of summer est un pur thriller reposant sur l’opposition entre le ravisseur et ses otages.
Mais si Jason Reitman commence effectivement par générer une forme de tension liée à la présence de cet intrus, potentiellement dangereux et meurtrier,  il fait rapidement évoluer le récit vers d’autres horizons, ceux de la romance et du mélodrame.
Le temps d’un long weekend de cohabitation forcée, les trois personnages vont apprendre à se connaître et à s’apprécier. Le fugitif prend naturellement la place de “l’homme de la maison“, cette présence masculine qui fait tant défaut à Adele et Henry. Il dédommage ses hôtes en effectuant des réparations dans la maison, en apprenant à l’adolescent les rudiments du baseball ou en faisant la cuisine – superbe scène de la confection de la tourte aux pêches, toute en sensualité et gourmandise… Frank aussi y trouve son compte. Ses projets de paternité et de couple ayant été contrariés par son histoire personnelle, il peut se glisser pour un temps dans la peau d’un chef de famille. Et peut-être plus si affinités…

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Evidemment, affinités il y a. Dès le moment de la “prise d’otages”, on avait pu ressentir le trouble d’Adele, à la fois terrifiée et attirée par cet homme viril. A la tension liée à la situation s’ajoutait une tension érotique. Une fois la peur dissipée, elle ne peut que s’abandonner aux bras de Frank.
Mais ce rapprochement inquiète Henry, car il suppose pour les deux amants de fuir le pays au plus vite. Il n’a pas vraiment envie de quitter la ville juste au moment où lui-même vient de faire la connaissance d’une jeune fille qui l’attire, et dans le même temps, il ne souhaite pas aller vivre avec son père.

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La force du roman de Joyce Maynard (1) et du scénario qu’en a tiré Jason Reitman, c’est ce mélange de simplicité et de complexité.
Les diverses ramifications de l’intrigue menacent  constamment de faire basculer le récit dans une direction ou une autre, et ceci est amplement suffisant pour nous tenir en haleine de bout en bout. Alors, il ne reste plus au cinéaste qu’à capitaliser sur le jeu de ses acteurs, et à soigner ce qui constitue le coeur de l’oeuvre : les relations des trois personnages principaux, les drames personnels qu’ils ont vécus et les possibilités que fait naître leur rencontre.
Il dirige à merveille ses comédiens, tous excellents, à commencer par le duo Kate Winslet/Josh Brolin. Elle, émouvante en femme qui s’éveille de nouveau à la vie après s’être murée dans la souffrance et le dépit amoureux, lui, impressionnant de charisme et de sensibilité.
Le jeune Gattlin Griffith participe également au charme de ce film en incarnant avec conviction cet adolescent qui trouve enfin sa place au sein de la structure familiale, après avoir dû assumer malgré lui le rôle de chef de famille.

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Last days of summer bénéficie également de la belle mise en images d’Eric Steelberg, jouant sur le contraste entre la trame de film noir et la douce luminosité estivale, et la partition de Rolfe Kent, qui soutient l’action sans appuyer trop lourdement le côté dramatique de l’intrigue.
Ceci contribue à la mise en place d’une atmosphère particulière, qui possède la consistance ouatée des souvenirs de jeunesse et l’amertume des regrets et qui permet à Jason Reitman de raconter son histoire sans avoir jamais besoin de forcer le trait ou de verser dans l’émotion bon marché.

Le cinéaste signe un mélodrame subtil, épuré, et néanmoins terriblement efficace, qui confirme, après Thank you for smoking, Juno et In the air son habileté à entremêler avec bonheur sujets graves et légèreté.

(1) :Long week-end” – de Joyce Maynard – coll. « Romans étrangers » – ed. Philippe Rey

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Last days of summer Last days of summer
Labor day

Réalisateur : Jason Reitman
Avec : Kate Winslet, Josh Brolin, Gattlin Griffith, James Van der Beek, Tobey Maguire, Maika Monroe
Origine : Etats-Unis
Genre : mélo fondant et acidulé, pas trop sucré
Durée : 1h51
Date de sortie France : 30/04/2014
Note pour ce film :
Contrepoint critique : Le Nouvel Observateur

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