57ème Quinzaine des Cinéastes – Cannes (Alpes-Maritimes)
– du 14 au 24 mai 2025 –

1024-1536Fin mars, en préambule de l’annonce de leur sélection 2025, les organisateurs de la Quinzaine des Cinéastes avaient présenté l’affiche de la 57ème édition de cette prestigieuse section parallèle du Festival de Cannes. Et, comment dire… euh… c’est quoi ce truc ? C’est moche, non ? On dirait qu’un gamin épileptique a essayé de dessiner des pokémons frappés par la foudre… Ah, c’est signé Harmony Korine. D’accord, on comprend mieux. Ou plutôt, on renonce à comprendre… Nous n’avions jamais été franchement emballés par les films de ce cinéaste indépendant, mais ses derniers films (Agr0Dr1ft, Baby invasion), objets expérimentaux laids, puérils et insupportables, nous ont définitivement convaincu de la fraude que constitue son cinéma. Aussi, on appréhendait un peu l’annonce de la sélection concoctée par Julien Rejl et ses équipes, espérant que cette affiche ne constitue ni un manifeste artistique, ni un mauvais présage.

Maintenant que les films retenus ont été dévoilés, on éprouve un léger soulagement.
Certes, la sélection regorge de premiers films, la Quinzaine des cinéastes privilégiant toujours la révélation de talents émergents. Il est donc difficile, avant de les avoir vus, de prédire si ces oeuvres sont des classiques instantanés, comme par exemple le Mean Streets de Scorsese, ou The Virgin Suicides  de Sofia Coppola, ou bien des nanars prétentieux à la Harmony Korine (qui ceci dit, de mémoire, n’a jamais eu de film présenté à la Quinzaine…).
Parmi ces jeunes auteurs, en lice pour la Caméra d’Or, on trouve Yuiga Danzuka (Brand New Landscape), Valéry Carnoy (La Danse des renards), Louise Hémon (L’Engloutie), Prïncia Car (Les Filles Désir), Jinghao Zhou (Girls on edge), Lloyd Lee Choi (Lucky Lu) et Hasan Hadi (The President’s cake).
Mais on trouve aussi parmi les cinéastes annoncés quelques valeurs sûres, qui devraient nous proposer des oeuvres intéressantes. Cela commencera dès l’ouverture, avec la projection d’Enzo, le film posthume de Laurent Cantet, finalisé par son ami  Robin Campillo. Le film faisait partie des films français pressentis pour intégrer la compétition officielle, ce qui laisse augurer de quelques qualités artistiques évidentes.
Autres noms reconnus, le cinéaste Allemand Christian Petzold, qui viendra présenter Miroirs No.3 en compagnie de son actrice-fétiche, Paula Beer, la Québécoise Anne Emond, qui défendra Amour Apocalypse, le Français Anthony Cordier, qui proposera Classe Moyenne ou encore Félix Dufour-Laperrière, auteur fascinant, oscillant entre animation, documentaire et expérimentations artistiques, qui offrira aux festivaliers  La mort n’existe pas.
L’Australien Sean Byrne, habitué des films d’horreur, devrait une fois de plus terrifier les spectateurs avec Dangerous animals, qui peut compter sur l’association fatale d’un tueur en série et de requins redoutables. De son côté Thomas Ngijol change de registre et opte pour le film policier avec Indomptables, enquête sur la mort d’un policier à Yaoundé.
Lee Sang-il présentera Kokuho, adapté du roman de Shuichi Yoshida, qui s’intéresse au destin d’un jeune homme, issu d’une famille de yakuza, qui trouve sa voie dans l’univers du théâtre kabuki. Julie Kowalski, elle, proposera l’étrange histoire d’une jeune villageoise Polonaise dotée d’un pouvoir incontrôlable, qui se manifeste lorsqu’elle éprouve du désir.
Yelizaveta Smith, Alina Gorlova & Simon Mozgovyi rappelleront, de leur côté, qu’une guerre continue de faire des ravages à l’est de l’Europe, puisque Militantropos est un documentaire sur la guerre en Ukraine.

Enfin, la manifestation se bouclera sur la projection de Sorry baby, encore un premier long-métrage, de et avec Eva Victor.
Par ailleurs, comme à son habitude, la Quinzaine des Cinéastes proposera une sélection de dix courts et moyens-métrages, pour offrir une belle exposition à d’autres jeunes auteurs en herbe, prêts à assurer la relève.

Le programme s’avère alléchant, d’autant que cette section parallèle réussit chaque année à proposer quelques pépites inattendues. On a donc hâte d’y être (même si on trouve cette affiche affreuse…)!

Plus d’informations : Quinzaine des Cinéastes

Crédits photos : visuels fournis par le service presse de la Quinzaine des cinéastes – Affiche officielle de la Quinzaine des Cinéastes 2025 – © Harmony Korine / Quinzaine des Cinéastes/Design graphique : Michel Welfringer

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Rédacteur en chef de Angle[s] de vue, Boustoune est un cinéphile passionné qui fréquente assidument les salles obscures et les festivals depuis plus de vingt ans (rhôô, le vieux...) Il aime tous les genres cinématographiques, mais il a un faible pour le cinéma alternatif, riche et complexe. Autant dire que les oeuvres de David Lynch ou de Peter Greenaway le mettent littéralement en transe, ce qui le fait passer pour un doux dingue vaguement masochiste auprès des gens dit « normaux »… Ah, et il possède aussi un humour assez particulier, ironique et porté sur, aux choix, le calembour foireux ou le bon mot de génie…

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