Jusqu’à présent, on aimait bien les films d’Eric Valette…
On avait bien aimé ses courts-métrages, immoraux et plein d’humour noir. On avait bien aimé, malgré quelques lacunes, son premier long, Maléfique, et on avait jugé correcte sa relecture hollywoodienne du One missed call de Takashi Miike. Enfin, on avait beaucoup aimé Une affaire d’état, thriller d’espionnage ambitieux offrant notamment à Thierry Frémont l’un de ses meilleurs rôles.
Mais, face à La Proie, son nouveau film, on reste un peu plus circonspect…

La Proie - 2

Le scénario était pourtant prometteur :
Franck Adrien, un braqueur sur le point de sortir de prison, doit partager sa cellule avec Jean-Louis Maurel, un type accusé d’avoir violé une fillette, mais qui clame son innocence. D’abord réservé vis-à-vis de son codétenu, Franck finit par lui accorder sa confiance et quand Maurel est innocenté et libéré, il lui demande de veiller sur sa femme et sa fille, possiblement menacées par ses anciens complices, désireux de récupérer le butin qu’il a soigneusement caché.
Ah, le manque de discernement! Car Maurel est bel et bien un tueur en série…

Avec la complicité de sa compagne, il tue l’épouse de Franck et kidnappe sa petite fille. Et pour que son ex-codétenu pourrisse à vie en prison, il se débrouille pour lui coller tous ses anciens meurtres sur le dos.
Pour retrouver son enfant saine et sauve, Franck n’a pas d’autre choix que s’évader et de traquer le psychopathe.
Mais évidemment, en tant que fugitif et principal suspect de toute une série d’homicides, il est lui aussi poursuivi par la police, et notamment par l’unité de la belle Claire Linné.

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Malgré le recours à de nombreux clichés (la gamine mutique suite à un trauma enfantin, le braqueur au grand coeur et les matons pourris jusqu’à l’os, le tueur psychopathe manipulateur et la fliquette sexy mais futée…) et une intrigue qui lorgne un peu trop vers les peu crédibles thrillers hollywoodiens, il y avait donc de quoi espérer une série B de bonne facture.

La mise en scène est elle aussi tout à fait correcte, sans être exceptionnelle. Elle réussit l’essentiel, à savoir nous tenir en haleine pendant près de deux heures avec cette construction reposant sur la double traque du psychopathe par le taulard et du taulard par la fliquette. Si bien qu’on aurait bien envie d’être indulgent, d’accepter les incohérences du récit et de ne pas sourire devant les prouesses physiques incroyables de Dupontel, qui court plus vite que tout le monde, évite les balles qui sifflent de partout, peut sauter du quatrième étage d’un immeuble ou d’un pont de chemin de fer sans subir la moindre égratignure…

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Oui, on pourrait être indulgent si on ne se heurtait pas très vite à un autre gros problème, rédhibitoire : le jeu des acteurs, archétypal en diable et franchement pas crédible. Et comme le scénario est déjà un peu gros à gober, ça vire à la catastrophe…
Dupontel s’en sort relativement bien dans le rôle principal, même s’il est bien loin de ses meilleures performances.
Cependant, ses partenaires en font des tonnes, à commencer par Stéphane Debac, totalement caricatural en psychopathe serial killer, repompant tous ses effets, en nettement moins bien, sur l’Edward Norton de Peur primale.
Et du côté des flics, ce n’est guère mieux : Alice Taglioni est toujours aussi agréable à regarder (Je me laisserais bien passer les menottes, moi… Hum pardon… ) mais n’est pas très à l’aise dans ce rôle plus remuant et violent que ce qu’elle a l’habitude de jouer, Serge Hazanavicius joue totalement faux, désolé de le dire…
Quant à Natacha Régnier et Zinedine Soualem, si bons d’ordinaire, ils sont ici à côté de la plaque.
Et je ne parle même pas de Lucien Jean-Baptiste, ridicule en flic gay très maniéré. Franchement, quel est l’intérêt d’un tel personnage? Un quota de discrimination positive à respecter – deux en un, le black et l’homo réunis en un seul et même protagoniste?

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Bref, cela serait mentir de dire que l’on s’ennuie. Mais l’ensemble est tellement peu crédible, tellement médiocre, que ce qui aurait pu donner un excellent thriller ressemble plus, finalement, à une mauvaise série télé policière.
On zappe…

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la proie La Proie
La Proie

Réalisateur : Eric Valette
Avec : Albert Dupontel, Stéphane Debac, Alice Taglioni, Sergi Lopez, Natacha Régnier, Zinedine Soualem
Origine : France
Genre : Chériôle Quilleure
Durée : 1h42
Date de sortie France : 13/04/2011
Note pour ce film : ●●

contrepoint critique chez :  Excessif

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