Chalut les humains,

Ca faisait un sacré bail que je n’avais pas écrit sur Angle[s] de vue. Mais que voulez-vous, j’ai une vie de chat à mener, moi! Et ce n’est pas si simple que ça en a l’air.
Ah, ça, bien sûr, vous ne pouvez pas vous en rendre compte, puisque chaque jour, vous quittez vos domiciles pour aller on ne sait où, abandonnant derrière vous vos compagnons à poils, plumes ou écailles. Vous croyez quoi? Qu’on reste sagement toute la journée à vous attendre sagement derrière la porte, les yeux larmoyants?
Eh bien non, pas du tout! Bon, il nous arrive bien de faire des siestes de onze ou douze heures, mais la plupart du temps, on ne reste pas les pattes croisées sans rien faire! On s’occupe! On joue avec  nos jouets, on échafaude des plans pour faire des bêtises dans la maison, on sort voir nos potes pour papoter un peu…  Les animaux cinéphiles, comme moi, se glissent subrepticement dans les salles obscures pour découvrir les films de la semaine.
C’est comme ça que j’ai vu Comme des bêtes, le nouveau film des studios Illumination (Moi moche et méchant, Le Lorax, Les Minions…), qui montre justement comment un groupe d’animaux de compagnie, habitant tous le même quartier de New York, occupent leurs journées pendant que leurs maîtres et maîtresses sont en vadrouille.

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Il y a Mel, le bouledogue, qui passe son temps à aboyer après les écureuils dans l’arbre d’en face, Buddy, le basset, qui utilise le batteur de la cuisine pour se faire masser les vertèbres, Leonard, le caniche, qui abandonne ses bonnes manières et écoute du hard-rock à plein volume dès que son maître a quitté les lieux, Chloé, une chatte délicate qui préfère le contenu du frigo à son bol de croquettes, P’tit Chou, un canari qui aime jouer aux jeux de simulation de vol sur la console de son propriétaire, et Gidget, une petite chienne qui n’a d’yeux que pour Max, le terrier d’en face, qui ne pense qu’à sa maîtresse, une jeune femme célibataire avec qui il entretient une relation fusionnelle. Plus une ribambelle d’autres toutous, matous, hamsters, cochons d’Inde, tortues, poissons rouges, petits et gros zoziaux, qui font des fiestas mémorables pendant que les humains ne sont pas là.

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Bon, vous allez me dire que tout ça, c’est très instructif pour le spectateur humain, mais que ça n’est pas suffisant pour tenir en haleine les cinéphiles de tous poils. Alors, le scénariste Bryan Lynch a concocté une histoire qui rappelle un peu celle de Toy Story. La petite vie tranquille de Max est soudainement perturbée par l’irruption d’un nouveau venu, Duke, un gros chien plein de poils, sorte de cousin canin de Chewbacca, que sa maîtresse a sauvé de la fourrière. Entre les deux cabots, la cohabitation s’avère vite compliquée. Max, jaloux de ne plus être le seul objet de l’affection de sa propriétaire, se montre peu accueillant et  Duke réplique en devenant encore plus envahissant. Cela  tourne évidemment au règlement de comptes. Lors d’une promenade à Central Park, les deux chiens se chamaillent, s’éloignent de leur dog-sitter et ne tardent pas à être entraînés loin de leur domicile. Harcelés par un gang de chats de gouttière menés par un siamois à la mine patibulaire, traqués par les agents de la fourrière, ils tombent finalement truffe-à-truffe avec les membres d’une société secrète composée d’animaux abandonnés par leurs maîtres et ayant juré de se venger par tous les moyens du genre humain.
Pendant que nos deux toutous domestiques cherchent un moyen de fausser compagnie à ces illuminés, Gidget prend les choses en patte et incite leurs copains à sortir de leur train-train quotidien pour partir à leur rescousse…

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A défaut d’être d’une folle originalité, l’intrigue comporte suffisamment de péripéties, de courses-poursuites, de gags et de clins d’oeil à des classiques du 7ème art  pour satisfaire un large public. Les enfants s’identifieront sans peine aux personnages et tireront de ce récit une belle leçon de vie sur l’importance de l’amitié, de la fraternité et de la famille, les adultes s’amuseront à reconnaître les traits de caractère de leurs propres animaux de compagnie dans les comportements des petites bêtes du film, finement observés.
Le film tire essentiellement sa force de ses personnages, instantanément attachants, dans la lignée des autres créatures imaginées par les dessinateurs des studios Illumination. Même le “bad guy” du film a une bonne bouille : Mr Pompon le lapin, petite peluche blanche aux grandes oreilles, aurait tout pour attendrir le plus endurci des spectateurs, s’il ne cachait pas un psychopathe hargneux, haineux et mégalomane.

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Evidemment, niveau graphisme et animation, ne vous attendez pas à la perfection des dernières oeuvres de chez Disney ou chez Pixar. Illumination n’a pas vraiment les mêmes moyens techniques et financiers. Cela se ressent un peu au niveau des décors, qui, comparés aux sublimes cités de Zootopie, manquent de détails et de profondeur. Le film de Chris Renaud et Yarrow Cheney n’en demeure pas moins soigné, offrant aux spectateurs un bel échantillon des possibilités de l’animation numérique tout en adoptant un univers visuellement cohérent, simple et coloré, permettant de focaliser l’attention des spectateurs sur les protagonistes du récit.

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Si vous cherchez un sympathique divertissement familial à voir dans les salles obscures cet été,  Comme des bêtes devrait satisfaire pleinement vos attentes. En prime, vous devriez bénéficier, en avant-programme, de Minions en herbe, un nouveau court-métrage dans lequel les Minions découvrent les joies du jardinage. Banana!
Sinon, vous pouvez également garder ce temps pour aller câliner vos animaux de compagnie. D’ailleurs, où est donc passé mon maître? Par cette chaleur, j’apprécierais assez qu’il mette en route le ventilateur pour que je me rafraîchisse . Et s’il pouvait aussi me brosser au passage, ce serait assez cool. Et sans vouloir le commander, s’il pouvait aussi me décortiquer deux ou trois crevettes, ce serait top. Que je le fasse moi-même? Vous voulez rire!?! Je suis trop fatigué par mes journées trépidantes!

D’ailleurs, il faut que je vous laisse, c’est l’heure de ma quatorzième sieste quotidienne.

Plein de ronrons,  

Scaramouche

scaramouche comme des bêtes

 


Comme des betesComme des bêtes
The secret life of pets
Réalisateurs : Chris Renaud, Yarrow Cheney
Avec les voix de : Louis C.K, Eric Stonestreet, Kevin Hart , Lake Bell (VO)
Philippe Lacheau, François Damiens, Willy Rovelli, Florence Foresti (VF)
Origine : Etats-Unis
Genre : film d’animaux-tion
Durée : 1h27
date de sortie France : 27/07/2016
Contrepoint critique : L’Express

 

REVIEW OVERVIEW
Note :
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Scaramouche est un... chat. Son heureux maître, Boustoune, l'a baptisé ainsi après l'avoir vu escalader les rideaux et pratiquer l'escrime contre les plantes vertes, à la manière d'un héros de film de cape et d'épée. (Il a longtemps hésité avec Channibal et Cat Vador, mais bon...) Evidemment, avec un tel nom, l'animal ne pouvait que devenir cinéphile. Comme il n'avait rien d'autre à faire que de glander toute la journée sur le canapé, il s'est gavé de DVD et s'est forgé sa culture cinématographique, avant d'accepter de devenir critique pour Angle[s] de vue. Sa spécialité ? Les films dont les félins sont les héros. Et les films qui parlent de boxe et de sports de combat (il kiffe). Mais il doit aussi se farcir la plupart des critiques de films pour enfants (il kiffe aussi, sans l'avouer...). Il aime donner quelques coups de griffes aux films qu'il n'aime pas, et complimenter ceux qu'il aime de sa plus belle plume (volée à un pigeon trop téméraire). En tout cas, il n'aime pas les critiques qui ronronnent. Qu'on se le dise...

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