Le Festival de Cannes s’est engagé depuis plusieurs années pour la parité et la diversité.
Il y a déjà un binôme mixte à la tête de la manifestation, avec Iris Knobloch comme présidente, première femme à occuper cette fonction, et Thierry Frémaux en tant que délégué général. L’organigramme de l’équipe exécutive tend aussi à un certain équilibre, avec plusieurs femmes à des fonctions-clés. Dans les jurys de la sélection officielle, la parité est toujours respectée, proposant autant de jurés de sexe masculin que de sexe féminin. Et bien qu’un déséquilibre entre les genres demeure au sein de la sélection officielle, l’écart tend à se réduire à mesure que de nombreuses réalisatrices s’imposent durablement dans le paysage cinématographique. La preuve avec les palmes d’or depuis 2020 : égalité parfaite avec deux femmes et deux hommes primés (Julia Ducournau, Justine Triet, Sean Baker et Ruben Östlund). En tout cas, les films sont sélectionnés en toute équité, sans distinction entre les genres de leurs auteurs.
Cette année, pour la première fois de l’histoire de la manifestation, il y aura aussi parité au niveau des affiches, car le festival s’offre deux affiches pour le prix d’une – Un homme et une femme, Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée, chacun exposant un angle différent de la même étreinte. Les images sont évidemment issues du film de Claude Lelouch, Un homme et une femme, Palme d’Or 1966.
Comme d’habitude, nous préférons reprendre le beau texte du communiqué de presse pour expliquer ce choix :
”Un homme.
Une femme.
Une plage déserte.
Un ciel tourmenté.
Une musique enivrante.
Une idée surgie 3 mois auparavant.
Un tournage de 3 semaines.
Une scène de 20 secondes.
L’éternité ne dure finalement qu’un instant.
C’était il y a 60 ans : en 1965, deux êtres abîmés qu’incarnent Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant se rencontrent, se séduisent, résistent pour enfin virevolter sous la caméra incandescente de Claude Lelouch. La Palme d’or à Cannes en 1966, les deux Oscars à Hollywood en 1967 comme les dizaines de récompenses à travers le monde valent peu à côté de ce moment grandiose de tendresse, de simplicité et de beauté.
Parce que cette étreinte (l’anagramme d’éternité !) est sans doute la plus célèbre du 7e Art, parce qu’on ne peut séparer un homme et une femme qui s’aiment, parce qu’on ne peut séparer cet homme-là de cette femme-là, le Festival de Cannes choisit pour la première fois de son histoire de présenter une double affiche officielle. Un homme et une femme. En regard, mais réunis.
— Lui : Dans la vie, quand une chose n’est pas sérieuse, on dit c’est du cinéma. Pourquoi vous pensez qu’on ne prend pas le cinéma au sérieux ?
— Elle : Peut-être parce qu’on y va que quand tout va bien ?
— Lui : Alors vous pensez qu’on devrait y aller quand tout va mal ?
— Elle : Pourquoi pas ?
Quand l’époque semble vouloir séparer, cloisonner ou soumettre, le Festival de Cannes souhaite (ré)unir. Resserrer les corps, les cœurs et les âmes. Encourager la liberté et figurer le mouvement pour mieux le perpétuer. Incarner le tourbillon de la vie pour la célébrer, encore et encore.
Tous deux lauréats du prix d’interprétation à Cannes (1969 pour lui avec Z, 1980 pour elle avec Le Saut dans le vide), cet homme et cette femme ne sont plus. Ces deux affiches sont aussi un hommage. Héros magnifiques de délicatesse et de séduction, Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant irradient à jamais la pellicule de nos existences comme ces deux affiches dont les couleurs disent l’intensité d’une passion amoureuse qui triomphe du désespoir. Cette lumière ne vient plus du ciel, aujourd’hui troublé de toutes parts par une actualité funeste ; elle surgit de la fusion irradiante de deux êtres qui réconcilient avec la vie.”
Texte du communiqué : copyright Festival de Cannes
Crédits photos : © Les Films 13 – Un homme et une femme de Claude Lelouch (1966) / Création graphique © Hartland Villa