L’an passé, Conjuring, film d’épouvante construit à partir d’une des affaires paranormales résolue par les époux Warren, des chasseurs de fantômes célèbres Outre-Atlantique, fut une agréable surprise pour les amateurs du genre et, plus largement, pour tout un public cinéphile en quête de sensations fortes, puisque l’oeuvre a connu, à la surprise générale, un gros succès au box-office.
Juste un an après, voilà que débarque Annabelle, un long-métrage entièrement dédié à cette poupée maléfique, déjà entraperçue dans Conjuring, qui est l’objet “le plus maléfique” de la collection des Warren. Le délai de production, très court, ne laisse aucun doute quant à la démarche des producteurs. Il s’agit de profiter du filon et de surfer au plus vite sur le succès de Conjuring. Et tant pis si c’est au détriment de la qualité. Car disons-le sans ambages, Annabelle est un navet. Un film d’horreur bâclé, mou, sans inspiration, à des années-lumières du film de James Wan…

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Déjà, il y a un scénario foncièrement malhonnête.
Conjuring reposait sur des faits réels, tels que relatés dans les rapports rédigés par les époux Warren. La poupée Annabelle étant la pièce-maîtresse de leur Musée de l’Occulte, on s’attendait à ce que le scénariste nous relate également la véritable histoire de ce jouet terrifiant. Mais finalement, non… Le bien nommé Gary Dauberman a préféré donner libre cours à son imagination pour pondre une improbable histoire, exploitant paresseusement les pires poncifs des histoires de possession démoniaque.
Tout commence quand John et Mia, un jeune couple sur le point d’avoir un bébé, s’installe dans un coquet pavillon de banlieue. En guise de cadeau de bienvenue, l’homme offre à son épouse la poupée de collection dont elle rêvait depuis des lustres. Que quelqu’un puisse rêver d’un truc aussi laid nous laisse songeurs, mais bon…
Dès leur première nuit sur place, pas de chance, ils sont attaqués par deux illuminés, membres d’un culte sataniste similaire à celui de Charles Manson. Après avoir tenté d’assassiner John et Mia, l’un des agresseurs est abattu par la police, tandis que sa complice,  Annabelle Higgins, se donne la mort et transfère son âme dans la fameuse poupée. Décidément, ils n’ont pas de bol…

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Des évènements paranormaux commencent à se produire dans l’appartement, et ils empirent quand le bébé naît. Le couple a beau déménager, rien n’y fait. Ils finissent par comprendre qu’ils sont persécutés par un démon qui essaie de voler l’âme de leur enfant et/ou la leur et qu’il s’incarne, à travers Annabelle, dans leur précieuse poupée. Vu que les traits de la poupée se font de plus en plus hideux au fil des jours, et que ses yeux se mettent à briller d’un éclat maléfique que l’on ne voit plus guère que dans les nanars de série Z, on se dit qu’ils ne sont pas très rapides à la détente…
A partir de là, la version fauchée de Chucky vire au remake bas de gamme de L’Exorciste, et le spectateur n’a plus qu’à prier pour que le film s’achève au plus vite et que cesse ses souffrances.

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Oui, ses souffrances. Parce qu’en plus de son scénario grotesque, l’oeuvre pâtit de la mise en scène calamiteuse  de John R. Leonetti, qui se contente d’alterner mollement situations convenues et effets horrifiques usés jusqu’à la corde. Hormis, une amusante partie de “1,2,3, soleil” entre l’héroïne et le démon dans le sous-sol d’un immeuble (et encore…), rien ne vient vraiment dynamiser un récit particulièrement atone.
Et il ne faut pas compter sur les acteurs pour sauver les meubles. On en vient très vite à espérer que la poupée maléfique nous débarrasse au plus vite de Ward Horton, qui en plus d’être fadasse, joue comme un pied, de la crispante Annabelle Wallis, et même d’Alfre Woodard, égarée dans ce navet indigne de son talent.

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Si encore c’était joliment filmé, on pourrait avoir quelque indulgence, mais même pas! Leonetti, pourtant chef opérateur de formation, n’a pas cherché à soigner ses images outre mesure. Cela n’aurait sans doute pas suffi à sauver le film, mais cela aurait pu cacher la misère. Là, il n’y a rien à défendre, aucun motif de satisfaction. Ce n‘est ni terrifiant, ni drôle, même au second degré. C’est ennuyeux, grotesque et laid.

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Il y avait franchement mieux à faire à partir des bases, solides, de Conjuring et de la vraie poupée Annabelle (par ailleurs bien plus terrifiante, par son aspect innocent, que la poupée dégueulasse utilisée pour le film, si moche que même Chucky n’oserait lui faire la bise).
Là, c’est juste une exploitation commerciale assez honteuse, produite et réalisée à la va-vite au mépris total des spectateurs et des amateurs de cinéma fantastique.

Vite, qu’on nous amène un exorciste chevronné pour envoyer le démon du mauvais cinéma rôtir en Enfer !

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Annabelle

Réalisateur : John R. Leonetti
Avec : Annabelle Wallis, Ward Horton, Alfre Woodard, Tony Amendola, Tree O’Toole
Origine : Etats-Unis
Genre : poupée barbante
Durée : 1h38
date de sortie France : 08/10/2014
Note :
Contrepoint critique : A voir à lire

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